• BERBERES UNE CIVILISATION

    BERBERES : LES HOMMES

     

    LIBRES!!!

      On désigne sous le nom de Berbères les populations qui, sur un territoire s'étendant de la Méditerranée au sud du Niger et du Nil aux rivages de l'Atlantique, parlent – ou ont parlé – des dialectes se rattachant à une langue mère: le berbère. D'origine discutée, ce mot, déjà utilisé par les Grecs et les Romains, transmis par les Arabes, désignait pour ces derniers la population autochtone et non romanisée de l'Afrique du Nord. Consacrée par l'usage, cette appellation n'est pas celle que se donnent les intéressés. Les Berbères s'identifient eux-mêmes par le nom de leur groupe (Touareg, Kabyle) et utilisent parfois le mot Imazighen, qui signifie «hommes libres», pour désigner l'ensemble des Berbères. La politique d'arabisation menée par les gouvernements au lendemain de la décolonisation a suscité chez les Berbères le besoin de reconnaissance d'une identité culturelle. Traditionnellement agriculteurs ou pasteurs-nomades, ils ont cependant été touchés par l'exode rural et leur implantation en zone urbaine a très certainement accentué ce phénomène.

    1-  Histoire des Berbères


                Abordée dans l'Antiquité, réduite puis gelée par de subtiles spéculations généalogiques à l'époque médiévale, reprise à l'époque coloniale, la question des origines des Berbères, cherchées tantôt dans les sources linguistiques, tantôt dans les rapports ethniques, reste mal résolue.

    Les origines

                   Au VIIIe millénaire av. J.-C., un type d'homme anthropologiquement proche des habitants actuels du Maghreb fit son apparition. Probablement d'origine orientale, cet Homo sapiens sapiens, appelé «capsien» – de Capsa, nom antique de Gafsa (Tunisie) –, serait l'une des composantes de la souche berbère. Il se serait étendu d'abord aux parties orientale et centrale du Maghreb, puis en direction du Sahara. On lui connaît des équivalents dans certains pays méditerranéens (civilisation natoufienne).

                   Le Maghreb s'enrichit aussi d'autres apports; du nord, par l'est et par l'ouest, à travers les détroits de Messine et de Gibraltar, arrivèrent des populations européennes. Certaines nécropoles et tombes maghrébines témoignent de la présence dès le IIIe millénaire d'une population noire venue du sud, probablement à la suite de l'assèchement du Sahara. Au IIe millénaire, d'autres petits groupes continuèrent à affluer au Maghreb. C'est à ce fonds paléoberbère divers, mais à dominante capsienne (c'est-à-dire appartenant à la culture préhistorique de Capsa), que les spécialistes rattachent les Proto-Libyens, ancêtres des Berbères. Des données physiques mais aussi culturelles – même emploi rituel de l'ocre rouge, même utilisation et décoration de l'œuf d'autruche – sont souvent invoquées pour appuyer la thèse de la parenté entre capsiens et Proto-Libyens.

    Les sources

                     Les Proto-Berbères, installés à l'ouest du Nil, nous sont connus grâce aux inscriptions et aux documents égyptiens. Les Tehenou et les Temehou au IIIe millénaire, les Libou et les Maschwesch au IIe millénaire y sont souvent décrits comme des peuples belliqueux et puissants. Ces Proto-Berbères de l'Est parvinrent à se constituer en véritable puissance et réussirent, au début du Ier millénaire, à se rendre maîtres de l'Égypte.

                     Nous disposons dans l'art préhistorique d'une source relative à l'apparition des Proto-Berbères dans les massifs centraux sahariens, où des centaines de peintures rupestres ont été recensées. Les fresques du tassili des Ajjer, du IVe millénaire au milieu du IIe, figurent pour la première fois des Proto-Berbères. L'espace saharien, auparavant peuplé de Noirs, vit l'arrivée de populations blanches, probablement d'origine septentrionale, qui auraient progressé à partir du bas Sahara algérien et tunisien. Au Néolithique final et à l'époque protohistorique, la présence des Proto-Berbères dans le Sahara s'intensifia. Les fresques les représentent conduisant des chars tirés par des chevaux. L'introduction du cheval dans cette région – probablement à partir de l'Égypte – permit aux Proto-Berbères de dominer les pasteurs mélanodermes. Au Ve siècle av. J.-C., Hérodote signala l'importance des chars sahariens, en précisant que les Garamantes du Fezzan et du tassili des Ajjer s'en servaient encore pour chasser les populations noires. Cette occupation du Sahara se poursuivit au début de l'époque historique.

     

    Du Ier  millénaire à la reconquête byzantine

                   Au Ier millénaire av. J.-C., les Berbères se répartissaient en une multitude de peuples: Nasamons et Psylles en Tripolitaine et en Cyrénaïque, Garamantes au Sahara oriental, Numides au Maghreb oriental et central, Gétules nomadisant entre le désert et les hauts plateaux, Maures au Maghreb occidental. Divisés en de nombreuses tribus parfois rivales, éparpillés sur une vaste aire géographiquement morcelée, ils ne purent s'unifier face à leurs conquérants carthaginois, romains, vandales ou byzantins.

    Les premiers royaumes berbères

                    Toutefois, à la fin du IIIe siècle av. J.-C., des tentatives d'organisation politique et d'unification virent le jour; trois royaumes firent ainsi leur apparition: les royaumes masaesyle, massyle et maure. Le premier, éphémère, ne survécut pas à son roi Syphax (avant 220-203); le second, au contraire, connut sous le règne de Masinissa (203-148) un grand essor. Après avoir absorbé son voisin et rival masaesyle, il s'étendit à toute la Numidie, l'unifia politiquement et parvint à englober, aux dépens de Carthage, d'autres territoires situés dans la région des Syrtes. Ce grand royaume se maintint sous le règne de Micipsa (148-118); mais Rome, installée depuis 146 sur les dépouilles de Carthage, ne pouvait longtemps s'accommoder de ce voisinage. Malgré la résistance militaire de Jugurtha (111-105), le royaume numide finit par tomber sous la dépendance de Rome. Le royaume maure connut le même sort: les Romains l'annexèrent en 40 apr. J.-C. Dès lors et jusqu'en 429, une grande partie de l'Afrique du Nord passa sous leur domination.

    La domination romaine

                  La mainmise de Rome ne se traduisit pas par l'assimilation totale des Berbères. Les Musulames (Numides) sous Tibère, les Nasamons et les Garamantes sous Auguste et Domitien, les Maures sous les règnes d'Hadrien, d'Antonin, de Marc-Aurèle et de Commode, les Gétules plus tard s'insurgèrent de façon répétée, et parfois durable. Au IIIe siècle de nombreuses tribus fusionnèrent en confédérations et harcelèrent les Romains, au point que Dioclétien finit par renoncer à la Mauritanie Tingitane ainsi qu'à l'ouest de la Mauritanie Césarienne. Au IVe siècle le schisme donatiste donna aux Berbères un moyen de s'opposer à la domination romaine. Le soulèvement des circoncellions, la révolte de Firmus (372-375), celle de Gildon (398) ajoutèrent aux difficultés d'un pouvoir romain déjà affaibli.

                      Au milieu du Ve siècle, les Vandales s'emparèrent de Carthage et occupèrent une partie de l'Afrique romaine, la Tunisie et l'est de l'Algérie. L'Aurès, la Kabylie, la Mauritanie et la Tripolitaine ne tombèrent pas sous leur domination et des tribus berbères purent se constituer en royaumes indépendants. La reconquête byzantine, entreprise en 533, mit fin à la suprématie vandale et, en quelques mois, l'Afrique du Nord redevint romaine. Néanmoins, les Berbères continuèrent leur mouvement d'autonomie amorcé au siècle précédent.

    De la conquête arabe (VIIe siècle) à l'Empire almohade (XIIe siècle)

                         Dans leur conquête de l'Afrique du Nord, les Arabes, qui triomphèrent des Byzantins, eurent à s'opposer au roi berbère Koçeila (683-686) et à la reine de l'Aurès, el-Kahéna, (695-700). Malgré cette résistance, les Berbères durent s'incliner et se convertir à la religion de leurs conquérants: l'islam. Ils y trouvèrent matière à une tout autre résistance. Par le biais du kharidjisme, ils entrèrent rapidement en révolte contre les Orientaux.

                          Le mouvement commença vers 740 à l'ouest puis s'étendit à tout le Maghreb. Son ampleur fut telle que les troupes arabes mirent plus de vingt ans à récupérer la seule Ifriqiya. Ailleurs, des États indépendants – petit État des Barghawata sur le littoral atlantique (744 après 1050), royaumes de Tahert (761-908), de Sidjilmasa (772-997), de Nakkur dans le Rif (809-917), principauté sofrite de Tlemcen (765-avant 790?) – échappèrent au contrôle du pouvoir central abbasside.


                           L'agitation reprit au Xe siècle au nom du chiisme, que les Berbères adoptèrent en réaction à l'orthodoxie sunnite de l'islam; l'Ifriqiya aghlabide (800-909), royaume rattaché nominalement aux Abbassides, tomba en 910 entre les mains des chiites fatimides aidés par les Berbères Ketama de Petite Kabylie.


                           L'introduction du chiisme ismaélien en Afrique du Nord eut pour conséquence l'affaiblissement du kharidjisme puis le retour en force du sunnisme. Après 950, le kharidjisme ne subsista que dans des zones refuges. Une autre conséquence du chiisme fut la division des Berbères en deux groupes rivaux: les Sanhadjas, qui avaient embrassé la cause fatimide, et les Zénètes, qui furent les alliés des Omeyyades d'Espagne. Cette rivalité s'exprima après le départ des Fatimides pour l'Égypte en 973, et, au début du XIe siècle, le Maghreb connut un état de fractionnement politique. Les royaumes berbères se multiplièrent: ziride (973-1060) et hammadide (1015-1163) fondés par les Sanhadjas; ceux de Tlemcen, de Sidjilmasa et de Fès contrôlés par les Zénètes. Au Xe siècle, des invasions de nomades arabes de la tribu des Hilaliens contribuèrent à maintenir ce fractionnement politique jusqu'au moment où, dans l'ouest du Maghreb, un mouvement berbère cohérent se constitua: le mouvement almoravide. Partis du Sahara, les Lamtouna entreprirent une conquête progressive de la partie occidentale du Maghreb. Sous la conduite de leur chef, Youssef ben Tachfin, ils étendirent leur empire, à l'est, jusqu'au massif de la Grande Kabylie (1082-1083). Moins de dix ans après, les Berbères almoravides devinrent maîtres de toute l'Espagne musulmane. L'hégémonie de la dynastie almoravide persista jusqu'en 1147.

    Un mouvement religieux, apparu en réaction contre les mœurs des Almoravides jugées trop tolérantes, fut à l'origine de la dynastie almohade. Des tribus du Haut Atlas marocain, sous l'impulsion de Mohammad ibn Toumart, réussirent à unifier tout l'Islam occidental, de la Tripolitaine à l'Espagne. L'Empire almohade connut son apogée à la fin du XIIe siècle.

    Du XIIIe siècle à nos jours

    À partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, le Maghreb retrouva un état de division: Abdelwadides à Tlemcen, Mérénides à Fès, Hafsides à Tunis se partagèrent la Berbérie. Ni ces dynasties ni les suivantes ne parvinrent à redonner au Maghreb une quelconque unité. Minés de l'intérieur par le retour des grandes confédérations tribales, menacés de l'extérieur par les chrétiens, les États maghrébins de l'Est et du Centre finirent par tomber sous une longue dépendance turque. L'Ouest, gouverné par les Saadiens (1549-1659) puis par les Alaouites, ne connut pas plus de stabilité.

    Aux XIXe et XXe siècles, tout le Maghreb passa, pour plusieurs décennies, sous la domination française. Depuis l'instauration de l'indépendance des pays de l'Afrique du Nord et de l'Afrique noire, les populations berbères connaissent souvent une situation difficile, tant politique que culturelle, ainsi les Kabyles en Algérie ou les Touareg en Algérie et au Niger.

    2- Organisation politique des Berbères

    Les Berbères connurent plusieurs formes d'organisation politique. Le modèle le plus répandu et le plus caractéristique semble avoir été une sorte de petite république villageoise: une assemblée populaire, la djemaa, au sein de laquelle seuls les anciens et les chefs de famille prennent la parole.


    Par ailleurs, nous connaissons deux modèles d'organisation politique citadine. Le premier et le plus ancien fut de type municipal; la cité numide de Thugga (Dougga, en Tunisie) connut au IIe siècle av. J.-C. un gouvernement municipal réunissant, autour d'un aguellid (magistrat suprême) nommé chaque année, un conseil de citoyens et de magistrats. Le second, beaucoup plus récent, et de type théocratique: chez les Mzabites, qui en fournissent le modèle, l'essentiel du pouvoir est tenu par une assemblée composée de azzaba et de tolba (hommes de religion) et secondée par un conseil des anciens.

    Ces unités politiques – village ou cité – n'étaient pas toutefois le fondement du pouvoir; celui-ci était accaparé par des entités plus importantes, tribus et confédérations. L'histoire politique des Berbères est jalonnée par de grands regroupements qui – comme chez les Numides et les Maures dans l'Antiquité – débouchèrent parfois sur des embryons d'États. L'exemple le plus original et le mieux connu d'une organisation politique berbère de type confédéral est celui des Aït Atta, dans le sud-est du Maroc. Cinq segments, ou khoms, constituaient la confédération; celle-ci avait à sa tête un chef suprême élu chaque année dans un segment différent par des électeurs des quatre autres segments. Chaque tribu conservait cependant son autonomie et élisait son propre chef. Ce système d'organisation segmentaire et quinaire, que les Romains nommaient quinquegentiani, dut être dans l'Antiquité celui des Berbères.

    L'exemple touareg

    À ce modèle d'organisation politique, qui peut être qualifié de démocratique, s'oppose celui, aristocratique, des Touareg. La société des Touareg du Hoggar était, jusqu'à ces dernières années, hiérarchisée en classes distinctes: les imohar, nobles guerriers parmi lesquels était obligatoirement choisi l'aménokal, le chef suprême; les imrad, tributaires des nobles, qui constituaient de nombreuses tribus d'éleveurs, placées chacune sous l'autorité d'un amghar.

    Cependant, l'absence d'assise territoriale et de certaines règles politiques élémentaires, notamment celles relatives à la transmission du pouvoir, contribua pour une large part au caractère éphémère des États berbères. Les royaumes – ou ce qui fut qualifié de tel par les auteurs de l'Antiquité – n'étaient souvent que des agrégats de tribus, voire des chefferies

     

     

    3- Organisation sociale des Berbères


    L'organisation sociale berbère est de type segmentaire et hiérarchisé. La famille constitue la plus petite unité sociale; au-dessus se trouve le lignage, groupement de plusieurs foyers liés par une ascendance commune et établis en village, ou en douar pour les nomades. Viennent ensuite la fraction (ensemble de clans et de villages), puis la tribu (groupement de fractions), enfin la confédération (alliance occasionnelle de tribus). À l'intérieur de tous ces segments, les liens du sang – réels au niveau des petites unités, fictifs dans les grandes – constituent le fondement de la cohésion sociale et entretiennent chez les membres du groupe un fort esprit de solidarité (corvées collectives, usage de greniers collectifs, etc.). La vie sociale est régie par un droit coutumier qui veille à la défense du groupe.

    4- Religion

    En l'absence de documents écrits, il est difficile d'appréhender les idées religieuses des Berbères de la haute Antiquité. Seules les découvertes de l'archéologie – position des corps, objets d'offrande, animaux de sacrifices – révèlent l'existence de rites funéraires à cette époque. Puis, par contact avec d'autres peuples et civilisations, vinrent s'ajouter aux cultes autochtones – parfois en s'y superposant – ceux de nombreuses divinités. De ces apports étrangers, le phénicien fut le plus durable. Longtemps après la disparition de Carthage, des Berbères continuèrent à adorer sous les noms de Saturne et de Junon Caelestis les divinités phéniciennes Baal Hammon et Tanit.

    Sans être mineur, l'apport romain fut sporadique, et se heurta à la résistance culturelle berbère. Tout autre fut l'influence du christianisme. La position de Carthage au carrefour de l'Orient et de l'Occident, l'omnipotence à l'époque romaine du dieu africain Saturne, l'existence précoce en Proconsulaire (Tunisie) et en Numidie (Algérie) de communautés juives prosélytes préparèrent le terrain et frayèrent la voie au monothéisme chrétien.

    Le christianisme

    Le christianisme se développa en Afrique plus tôt que dans les autres provinces occidentales de l'Empire romain. Dès la fin du IIe siècle, il compta de très nombreux adeptes. Un concile tenu à Carthage en 220 réunit 71 évêques; un autre, vingt ans plus tard, en groupa 90. Ce succès alla croissant malgré les persécutions répétées du pouvoir impérial; celle de Dioclétien, en 303-304, fut terrible, et beaucoup de chrétiens africains apostasièrent sous la contrainte. C'est à cette époque que naquit sous l'impulsion de Donat, évêque de Numidie, un mouvement que les historiens ont appelé «donatisme»; celui-ci revendiquait la pureté de l'Église et dénonçait les reniements de certains prêtres. Purement théologique initialement, ce mouvement évolua vers une opposition à la domination romaine.

    Cependant, l'évangélisation se poursuivit, dépassant parfois les limites géographiques de l'Empire romain. Toutefois, malgré des conversions tardives – comme celle des Garamantes, au sud de l'Atlas, vers 568-569 –, le christianisme resta une religion principalement urbaine.

    L'islam

    La conversion des Berbères à l'islam fut massive. Implantée d'abord dans les cités, la nouvelle religion gagna progressivement les campagnes, les plateaux et le Sahara méridional. En se convertissant à l'islam, les Berbères ne renoncèrent pas à leur esprit d'indépendance. C'est sur le terrain même de la religion qu'ils exprimèrent leur opposition aux Orientaux. Des deux grands courants dissidents nés des discussions à propos de la succession du Prophète, le chiisme et le kharidjisme, c'est ce dernier qui eut auprès des Berbères un grand retentissement. Austère et égalitaire, le kharidjisme ne manqua pas de les séduire. À bien des égards, et bien que né hors d'Afrique, le kharidjisme rappelle dans l'histoire de l'islam maghrébin le donatisme berbère de l'époque chrétienne. Par opposition, les kharidjites berbères, après des révoltes sanglantes, formèrent des royaumes indépendants tels ceux de Tahert et de Sidjilmasa.

    Au Xe siècle, les Ketama de Petite Kabylie constituèrent au profit du mahdi Obeid Allah un grand empire chiite (fatimide). L'orthodoxie (le sunnisme) ne triompha qu'à partir du XIe siècle; son succès fut l'œuvre d'autres Berbères: les Sahariens nomades Lamtouna d'abord, les montagnards Masmouda ensuite l'imposèrent définitivement. Avec l'avènement au XIIe siècle de l'Empire almohade, la dissidence religieuse ouverte fut bannie du Maghreb. Seul le kharidjisme, dans sa tendance ibadite, survécut au mouvement réformateur almohade. Du djebel Nefousa, en Libye, au Mzab, en Algérie, et à l'île de Djerba, en Tunisie, des communautés ibadites se sont maintenues jusqu'à nos jours.

    5- Langue

    La langue berbère constitue aujourd'hui un ensemble de parlers locaux éparpillés sur un vaste territoire. En dehors de certaines zones à forte unité géographique – telles que les Kabylies en Algérie ou le pays chleuh au Maroc –, ces parlers ne permettent que rarement l'intercompréhension des différents peuples. L'arabe – comme hier le latin ou le punique – permet la communication d'un groupe à l'autre. Cette situation linguistique n'est pas originelle; malgré leur diversité, ces parlers berbères ont des structures syntaxiques communes.

    On suppose qu'une langue berbère homogène a existé avant d'éclater en 4 000 à 5 000 idiomes. L'histoire de la langue berbère reste cependant de reconstruction difficile. Le linguiste dispose de quelques fragments de textes en berbère, des ethniques, des toponymes et anthroponymes conservés par les sources arabes médiévales. C'est peu pour restituer l'évolution d'une langue. Le libyque, dans lequel sont rédigées plus de 1 200 inscriptions d'époque antique, est tenu pour une forme ancienne du berbère, sans que des preuves scientifiques aient été fournies.

    L'alphabet libyque – connu d'après certaines inscriptions – s'apparente à celui du touareg actuel, le tifinagh, et les données de l'anthroponymie et de la toponymie militent en faveur de la parenté et de la continuité entre le libyque et le berbère.

    Pour mieux connaître la langue berbère et pallier le manque de documentation historique, les spécialistes ont aussi recouru au comparatisme. On a cherché très tôt à apparenter le berbère à d'autres idiomes. Ainsi le guanche, langue parlée jusqu'au XVIIe siècle aux îles Canaries, lui fut-il rattaché. Le berbère fut également rapproché du haoussa et du basque. Ces démarches se sont révélées infructueuses. En fait, la théorie qui place le berbère dans un grand ensemble linguistique à côté de l'égyptien ancien, du couchitique et du sémitique emporte actuellement l'adhésion de la plupart des linguistes.

    6- Littérature

                    Dès le VIe siècle av. J.-C., le berbère fit l'objet d'une écriture: le libyque. De très nombreuses inscriptions attestent l'utilisation par les Berbères, dès l'Antiquité, d'un alphabet consonantique proche de celui utilisé de nos jours chez les Touareg. L'écriture libyque devint usuelle surtout dans les zones sous forte influence punique – Tunisie septentrionale, Nord constantinois et Maroc du Nord –, malgré une certaine évolution; cependant, elle ne put se généraliser et disparut à l'époque romaine.

                      Les Berbères utilisèrent assez tôt les langues étrangères. C'est en latin qu'écrivirent des auteurs africains aussi illustres qu'Apulée, Tertullien, saint Cyprien ou saint Augustin. Le latin, langue de l'administration dans les provinces romaines d'Afrique, devint aussi, avec le christianisme, langue de religion. L'islamisation entraîna par la suite l'arabisation linguistique des Berbères.

                        Toutefois, à l'époque islamique, il y eut encore une littérature berbère écrite; peu fournie, et essentiellement de nature religieuse, elle consista en quelques textes et ouvrages transcrits en caractères arabes avec des signes additionnels. À côté de traités ou de commentaires de religion, souvent attribués aux ibadites ou aux Almohades, il faut mentionner deux Coran rédigés en berbère et attribués l'un à Salah ben Tarif (VIIIe siècle), l'autre à Hamim des Ghomara du Maroc septentrional (Xe siècle). Les archives, rares et récentes, consistent pour l'essentiel en textes juridiques. Le droit berbère – de tradition coutumière – fut consigné par écrit à des époques différentes. Ainsi des règlements de nature pénale furent rassemblés en recueils. Certains de ces documents, originaires du pays chleuh, dateraient du XIVe siècle apr. J.-C., d'autres furent rédigés à des époques plus tardives. Le corpus des recueils de droit coutumier berbère s'est enrichi récemment de nouveaux documents marocains publiés dans leur langue originale.

                             Autrement importante fut et demeure la littérature orale berbère. Des contes et des légendes fidèlement conservés par la mémoire féminine constituent une bonne partie de la tradition orale. La poésie est également riche et ne manque pas d'originalité. Les Berbères eurent de grands poètes dont certains – tel le Kabyle Mohand (vers 1845-1906) ou la targuia Daçin – furent de véritables aèdes. D'autres, itinérants et professionnels, tels les amedyaz du Haut Atlas au Maroc ou les ameddahs de Kabylie, surent longtemps entretenir la mémoire collective berbère.

    source : http://fr.encyclopedia.yahoo.com/ 

     

     

     

    Un article fort intéressant est apparu dans le ''National Geographic'' du mois d'Octobre. Des études d'A.D.N. ont été faites sur des Libanais et des Tunisiens pour voir s'ils ont un ancêtre phénicien commun.
    Les chromosomes phéniciens sont appelés '' M 89'' et ''M 172''. Les Chromosomes Amazighs sont appelés ''M 96''. Des échantillons de sang ont été pris dans plusieurs coins du Liban, et d'autres régions de Tunis.
    Voici le résultat:
    Les Chromosomes ''M89'' et M172 ont été trouvés chez la quasi-totalité de la population Libanaise. Chrétiens et Musulmans Libanais partagent ces même Chromosomes.
    Concernant la Population de Tunis, moins de 20% de personnes ont les Chromosomes Phéniciens. Par contre  le Chromosome ''M96'' se trouve chez les échantillons des personnes examinées à Tunis. Selon Le ''National Geographic'', les phéniciens se mélangeaient très peu ou pas du tout avec les populations autochtones.
    On sait que les phéniciens sont les descendants des Cananéens.
    Selon certains idéologues arabes, les Imazighen seraient des descendants de cananéens, donc cousins des arabes. Les recherches scientifiques génétiques nous montrent que cette théorie est Fausse: Pas de Chromosomes Cananéens chez les Imazighen.
    Je vous suggère de lire l'article de national géographique du mois d'octobre 2004.
    (Source: http://magma.nationalgeographic.com/ngm/0410/feature2)
    Nacer oukemoum   tawiza.net

     

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    HISTOIRE DE L'AFRIQUE DU NORD

     

    1-L'AMAZIGHITE :

         Il est certain que l'apparition de l'homme dans cette région remonte à des millénaires .Les recherches archéologiques qui ont été faites durant la période 1906-1960 ,par des spécialistes comme L.Babout -Souville- Nouvilles-Ruhlman-P.Biberson ,considérent le Maroc ,et le Maghreb en général, comme l'une des régions africaines qui a connu un peuplement trés ancien .
    De nombreuses études archéologiques témoignent clairement de l'éxistence de la civilisation paléolitique (1500000.v.j)et de la civilisation néolitique (40.000.v.j)au Maghreb .
    L'homme néanderthalien de jebl iroud (50.000.v.j) disparait dans des conditions qui échappent encore à la recherche actuelle ,en laissant sa place à un type d'homme plus intelligent ,c'est "l'Homo-sapien" (30.000.v.j).Les recherches de Débenath au site Dar-essultan prouvent que cet homme a fondu une culture dite "la culture atérienne"qui caractérise la civilisation ancienne du Maghreb .Cet homme est souvent considéré comme l'ancêtre des Imazighen(Bérbéres) ,peuple actuel de l'Afrique du Nord .
         L'écriture a permis à l'homme d'entrer dans "le continent de l'histoire ".Inventée et perfectionnée dans le Proche Orient ,l'écriture est répandue rapidement dans le Bassin Méditérranéen par les phéniciens .
    Les Imazighen n'ont pas ratté le rendez-vous avec les débuts de l'histoire .L'histoire des écritures anciennes est marquée par l'invention de l'écriture libyque ,ancêtre TIFINAGH par les Imazighen . Les inscriptions libyco-bérbéres sont répandues dans l'Afrique du Nord ,le Sahel et aux Canaries .Et même si on n'a pas pu jusqu'à présent ,tirer beaucoup d'informations de ces inscriptions pour mieux comprendre l'histoire des Imazighens ,ils marquent pourtant une contribution de ce peuple à l'histoire de l'humanité .

     

    1.1- UNE CIVILISATION DE L'ECHANGE CULTUREL :

         Les premiers textes que nous possédons sur le Maroc sont venu de l'étranger .
    Le périple d'Hanoun est l'un des textes les plus anciens sur le Maroc .Ces textes nous parlent de relations entre les phéniciens et les Imazighens. Un échange culturel a été établi entre les deux peuples pendant sept siécles .Les historiens se contentent le plus souvent de voir en les Imazighens des acteurs passifs ,des consommateurs des "recettes civilisationnelles "orientales au début de l'histoire .Alors qu'en réalité le peuple de l'Afrique du Nord a joué un role actif dans l'histoire .
    Cette activité n'a pas échappé à l'oeil d'un certain Polyba (150- 200.a.v.j) ,qui a constaté que "les numides (bérbéres ) n'attendirent pas pas le régne de Massinissa pour mettre en culture leur plaines fertiles ".Cela explique que ce peuple a bien fondé une civilisation en se basant sur ses propres moyens .
    Au temps des romains ,lesImazighens ont fondé des royaumes avec MAssinissa ,Boukous,Juba1 et Juba2 .
    Au niveau de la culture ,la politique de la romanisation a échoué en bérbérie (Tamazgha) ,à cause de la résistance de la population d'une part ,et des efforts des intelectuels d'autre part ,dont les écrits reflétent l'imaginaire amazighe,même s'ils écrivent dans d'autres langues que tamazighte (apulé...).
    Au niveau de la théologie de l'Afrique du Nord , l'histoire ancienne nous a gardé des ouvrages extrémement importants sur le christianisme africain ,avec Saint augustin et un Donatos célébre par sa tendance réformiste au sein de christianisme .
    Au niveau de la science les historiens qui s'interessent à l'histoire ancienne du Maghreb considérent le roi Juba2 comme un grand savant en botanique ,en géographie ... Pline (l'ancien historien romain 23-79)nous a laissé des renseignements concernant les recherches de Juba2 sur la géographie ."Voici les résultats des recherches de Juba sur les îles fortunés ,écrit-il ,il les place aussi au midi auprés du couchant (sud-ouest)à 625.000 pas des îles porpuraires ".

     

    1.2- UNE CULTURE DE LA RESISTANCE :

         Gabriel Camps ,spécialiste de l'histoire ancienne de l'Afrique du Nord ,parle de "l'échéc de la romanisation " ,et du fait que "les africains ont rejetté Rome et la latinité ,ces réussites que l'histoire retient ,ne sont que des cas individuels ;la romanisation n'a touché qu'une élite fortunée tandis que l'ensemble de peuplement bérbére ,dans les gentes ,restait en dehors de la latinité ".
    Les cinq siécles de la prédomination romaine de l'Afrique du Nord ne suffisent pas pour que cette population soit déracinée ,déttachée de sa culture amazighe ,bien au contraire ,une farouche résistance a été enregistrée durant cette période (Yoghorta ,Tacfarinas 17-24 Adémon40) ,et les deux siécles de la domination vendale (434-534)et byzantine ,(534-647) n'ont "rien (laissé )ou presque rien en Afrique ".
    On a constaté ,d'aprés cette analyse ,que la culture tamazighte a bien résisté à l'acculturation de plusieurs peuples qui ont conquis la région .
    A la lumiéres de ces remarques ,on peut conclure que les Imazighens avaient déjà une trés grande éxpérience politique ,sociale et culturelle avant l'époque médiévale ,et avant l'arrivée de l'Islam dans la région . Cette éxpérience nous explique la façon dont la population a réagi durant la période médiévale .

     

    L'EPOQUE MEDIEVALE :

         Au milieu du 7 éme siécle ,le vent de l'Islam commence à souffler au Maghreb .Les chefs militaires arabes Okba et Hassan sont arrivés avec leurs troupes dans cette région .Cependant ,il est trés difficille de dire que toute la population a été converti à l'Islam ;dés les premiers contacts, une résistance a été enregistrée ,et a duré un bon demi siécle .
    Aprés deux siécles ,la Tamazgha (bérbérie ) devient musulmane ,car cette population était déjà préparée au monothéisme grâce au judaïsme et au christianisme . Les villes crées ont été considérées comme les centres religieux (Kairaouan 670-fes809) ,ce qui explique l'Islamisation des cités avant d'autres régions . Une administration des "Oulates "de Damas a été mise en place .Les sources de renseignements concernant cette organisation ,sont trés rares ,et souvent contradictoires ,ce qui fait de cette période de 681( date de l'arrivée de Okba) jusqu'à 788 ('arrivée de Idriss à Tanger) ,la période la plus ambigue de l'histoire du Maghreb .
    Néanmoins ,l'Islam amazigh va se manifester de façon autonome à la suite des révoltes contre l'autorité des califes d'Orient . En 740 , une révolution éclate dans la région de Tanger ,et se termine par l'élimination de Obeid allah ,gouverneur de calife de Damas .Cette révolution de tendance kharijite a pour cause le systéme administratif et fiscal ,qui avait pour objectif l'exploitation du pays .Les califs de Damas "éxigérent (..)que ces nouveaux convertis continuent à payer le kharaj (impot foncier )et la jizia (impot personnel )".Les Imazighens qui commencent à connaitre les prescriptions de l'Islam de ses sources (coran et suna) ne peuvent pas comprendre pourquoi ils continuent à payer la Jizia .
    Le mouvement des révolutions qui est né au Maroc s'est rapidement répandu dans le reste de Tamazgha (bérbérie).

         Ces révolutions ont adopté tout de suite le kharijisme comme idéologie .Les Imazighens qui sont attachés aux principes démocratiques de la communauté ,trouvent que le kharijisme leur convient . Nous sommes donc devant un phénoméne ancien (le donatisme) qui a réssucité dans l'histoire du Maghreb .
    Aprés l'époque du kharijisme et de l'etat idrisside ,les Imazighens ont fondé de grands empires (almoravides ,10- 11,almohades 12-13,mirinides 13-14) qui s'étendent jusqu'en Lybie a l'est ,au centre de l'Espagne au nord ,et jusqu'au coeur du pays du Sahel au sud . Une indépendance politique de l'Orient ,et une unification de la Tamazgha ont vu le jour sous ces empires .
    A la fin de l'époque médiévale ,le Maroc et le Maghreb en général n'ont pas beuacoup changé au niveau ethnique .Bien que les renseignements sur le chiffre exact de la population du pays font défaut ,on considére qu' "il est raisonable de le penser inférieur à celui de six millions ,chiffre avancé au début du 16 éme siécle ".L'arrivée des tribus arabes ( bani hilel .bani salim 11s-12s) n'a pas pu créer un changement éthnique important .
    Au niveau de la vie intellectuelle ,le Maghreb a connu une activité trés importante ,et tous les domaines de la pensée ont été représenté .On peut citer Iben toumert au niveau théologique ,Iben rochd au niveau de la philosophie .Iben khaldoun au niveau de l'histoire et Al idrissi dans le domaine de la géographie . La production culturelle maghrébine ,à la fin de cette époque ,est caractérisée par la spécifité de la culture tamazighte,car il faut noter que la langue tamazighte "reste la langue commune à la plus grande partie de la population " bien que la langue arabe et l'arabisation progressent trés lentement .

    handaine mohamed

     

     

     

      L'islamisation de l'Afrique du nord ne s'est pas fait, comme le prétendent les arabo-islamistes et d'autres, la fleur au fusil. Comme toutes les invasions qu'a connu cette région prospère (Romains, Vandales, Byzantins) celle des Arabes s'est fait dans la violence et le sang. Avant leur arrivée l'Afrique du nord était multiconfessionnelle : aux côtés de communautés berbères chrétiennes (Saint Augustin, Saint Cyprien, Donat...) vivaient des communautés berbères juives, et une grande majorité de Berbères animistes et païens, comme d'ailleurs dans de nombreuses autres contrées d'Afrique. La langue Berbère était partout présente en dehors des grands centres urbains où elle coexistait avec le latin et le punique comme en témoignes les écrits de St Augustin ou de Salluste. Quelques siècles plus tard, toutes les communautés juives et chrétiennes ont été exterminées (sous la dynastie des Almohades notamment);

                         Il a fallut près d'un demi-siècle face et une résistance farouche notamment de Kahina (reine juive des Aurès) et de Kussayla (chef chrétien) pour que les Arabes et à leur tête Okba ibn naafi finissent pas pénétrer l'Ifrykia (Tunisie) et fonder leur ville garnison (Kairouan). Après avoir tué Kahina, Kusayla fini par se convertir à l'Islam. Mais les comportements méprisants et la brutalité des Arabes (Okba fit décapiter Kahina qui lui a résisté pendant plus d'une décennie, et humilia Kusayla en le traînant enchaîné), conduit les Berbères très vite à se révolter. Kusayra finit par abjurer l'Islam et à reprendre le combat contre les Arabes. Il arrache Kairouan a ses fondateurs ou cours d'une bataille ou des milliers d'Arabes furent tués et où Okba lui-même fut éliminé. De nouvelles expéditions furent lancés accompagné par des missionnaires venus d'Orient pour convertir les Berbères en usant de la devise d'Okba « la conversion ou la mort « Mohamed Benrabah (langue et pouvoir en Algérie) écrit :
    « En fait nombre de Berbères ne se sont convertis à l'Islam que pour éviter entre autres soucis de payer l'impôt que cette religion exigeait des « gens du Livre « , qui refusaient de changer de religion. Les conquérants arabes n'éprouvaient que du dédain envers les peuples nord africains qu'ils traitent d'infidèles. Certains poussaient même la cupidité jusqu'à considérer les populations conquises comme un butin de guerre servant à acheminer toutes sortes de richesse vers le Proche-Orient. N'ayant pas de politique claire d'islamisation et d'arabisation linguistique ils s'adonnèrent à la rapine. Ces comportements nous éclairent sur la foi tiède qui les anime ».

                  La tiédeur des conversions à l'islam des populations berbères est admirablement détaillée par Ibn Khaldoune qui disait que les Berbères abjurèrent 12 fois l'Islam au cours de ces premiers siècles d';islamisation. Cette tiédeur était due à l'attitude méprisante et hypocrite des Arabes. Ainsi, le chef Berbère Maysara écoeuré par les exactions commises par les Arabes envoya au calife de Damas, la lettre suivante :
    « J' Informe le prince des croyants que notre émir nous mène une expédition avec son jund et qu'il distribue à celui-ci le butin que nous avons fait, disant que nous n'en avons que plus de mérite. S'il y a une ville à assiéger, c'est nous qu'il met au premier rang, disant que notre mérite au ciel ne sera que plus appréciable. Et pourtant les gens comme nous valent bien ses frères (). Tout cela nous n'avons bien supporté, mais quand ensuite, ils ont enlevé les plus belles de nos filles, nous leur avons dit qu'en tant musulmans, nous ne trouvions pareil fait autorisé ni par le livre ni par la pratique du Prophète... »
    Anakin (forum de la grande KECHFA des berberes :http://www.elkechfa.com )

           Les montagnes du Moyen Atlas , du Haut Atlas ,de l'Anti-Atlas , du Rif , des Ayt-IZnassen ,de djebel amour, de la Kabylie , les Aurès et DJurdjura, les Massifs Sahariens ( Hoggar , Adrar, Ennedi, Akakous, Marzouk,Bachikele...) en Lybie ( Jabal Nefusa, Zwara et Ghadamis ) .les vallées et les plaines proches des montagnes et les zones semi désertiques ,les ksours ( Figuig , Rich ,Zagoura,Agzd ,Taroudant...) et les agdirs ont constitués des sanctuaires pour la préservation, jusqu'à nos jours, de la culture, la civilisation , et surtout la langue berbères aussi bien au temps de la domination romaine que celle des arabes ou des Turcs .Ces derniers se sont installés essentiellement sur les côtes dans des forteresses( kasbah ) qui ont donné par la suite naissance à des villes .
                   
      E
    n ce qui concerne le Maroc , il aurait pu devenir comme l'Iran , L'Afghanistan ou la Turquie avec une langue nationale unique (le berbère) tout en utilisant l'alphabet Arabe .En effet si Idriss 1er a été relativement bien accepté c'est surtout parce qu'il était un dissident du Califat d'orient . Et le Maroc est demeuré indépendant du pouvoir arabe d'orient et il n'a jamais été sous domination othomane .Les dynasties arabes au Maroc ont toujours été nationalistes.
      
                
     E
    n effet,dans le passé,les grandes factions berbères et arabes ( le pouvoir central impliqué ou pas ) oubliaient leurs querelles et s'unissaient lorsqu'il s'agissait de défendre la Nation (ex: la bataille "des trois Rois" , la bataille d'ISLY,la guerre du RIF(Anoual)...etc..).
         
             
     C
    es sanctuaires (montagnes) ont résisté également le plus longtemps à la colonisation européenne (pour certaines zones dans l'Atlas jusqu'en 1934).
          
      
         L'assimilation des berbérophones dans les villes s'est faite par la religion musulmane. enseignée en arabe. Même le dialectal marocain parlé ( vraie langue maternelle de la majorité des marocains urbains) comporte un très grand nombre de mots d'origine berbère et étrangères ( française,espagnole...) Cette influence est vraie dans les deux sens.


               
     Les berbères ont, par ailleurs, constitué les gros des troupes des armées qui ont combattu pour la conquête (de l'Ecosse en tant que légion romaine constituée de maures des Asturies voir TARBAT en Ecosse ) et celle de l'Espagne et du Sud de la France ( sous la conduite du berbère Tarik bnou Ziad)(8e siècle), Et, en  armée coloniale espagnole, dans la conquête du pouvoir par les franquistes en 1936, ainsi que leur importante participation pendant les deux guerres mondiales, Indochine etc...

    .
            
      Actuellement, on pourrait subdiviser les berbères en trois grands groupes avec quelques spécificités pour chacun des  groupe:Mais les échanges entre ces groupes ou leurs "fédérations", ont été très intenses sur le plan commercial, humain, et culturel dans une organisation sociale " segmentaire" d'ou l'importance des confréries religieuses ( Zaouias) et les Ksours les mieux fortifiés. Souvent des mouvements migratoires ont été la consequence de catastrophes naturelles, de disettes, de pandemies etc et il faudrait signaler le role  des "routes du pelerinage" dans ces echanges entre les entites berberes situées dans des zones geographiques differentes Ces routes de pelerinage etaient parfois les memes que celles du commerce ( Ibn Khaldoun n'a rien inventé, son merite est d'avoir transcrit et analysé ses observations et les histoires locales.):

        les"méditerranéens"ou "maritimes""qui ont eu le plus de contacts avec les peuples des différentes civilisations méditerranéennes ,et qui ont été influencés par les cultures de ces commerçants ou dominants ( cotes et îles sur la méditerranée ex: Djerba et sur l'Atlantique( ex:Iles Canaries)  Ce sont les plus urbanisés donc les plus sédentaires
         les "montagnards" de l'Atlas et la haute Kabylie , et plaines au pied des montagnes les moins influencés par les conquérants ou commerçants. Et c'est chez eux que la tradition berbère millénaire est la mieux conservée Ils pratiquent le plus souvent la transhumance saisonnière.
      
    les "Sahariens" au sud de la "Berbèrie =Tamezgha" au Sahara en contact avec les peuples noirs ( Nubie et culture Négro-berbère) . Ce sont en général des nomades ou semi-nomades ; avec toutefois des points d'attache près des sources d'eau ( ville, villages ou oasis situes en bordure de fleuves ,  de lacs , de mer ,) ou dans des massifs sahariens


                
     L''époque avant l'arrivée de l' Islam , l'histoire officielle n'en parle pas et/ou a travesti celle des berbères sauf pour insister sur les aspects "négatifs" de cette période .Depuis la colonisation européenne les archéologues et les historiens indépendants écrivent et enrichissent . l'histoire des berbères de cette époque (ex:fouilles de Carthage en Tunisie, Timgad et zazia en Algérie, et d'autres sites romains au nord de l'Afrique, Libye (Sabrata, Letismania...) , Maroc ( luxus, volibilis, chella,....) Tunisie) ex: Thugga ( mausolée de Massinissa , son fils Micipsa, mausolée de Malrouss , Jugurtha , Kahina, Juba II... ce sont quelques Rois et Reine berbères.(pour plus de détails   cliquez ici   et pour la préhistoire voir les sites ci-après:
    Sahara néolithique  http://ennedi.free.fr
    L'art rupestre saharien  http://www.paleologos.com/afrique.htm


              
      Au Maroc les dynasties  berbères (Almohades,Almoravides,Mérinides...) et arabes (Idrissides, Alaouines actuellement... ) se sont alternées , et celle qui prenait le pouvoir essayait de faire disparaître toute trace des grandes réalisations de la dynastie précédente ou parfois même celles de Sultans appartenant à la même dynastie.( exemples les plus connus.:destruction du palais mérinide qui surplombe Fès, la cité de Challah et la Mosquée Hassan à Rabat , Mekhnès , Marrakech,Sijilmassa,autres Ksours ....)..Pour lire un point de vue sur la coexistence des berbères avec d'autres ethnies et religions cliquez sur        ce lien.
               
       Mais depuis l'indépendance (1956) ce "pacte" tacite a été taillé en brèche par l'influence du "panarabisme"nassérien ,le baasisme et depuis un peu plus d'une trentaine d'années par les pétrodollars de l'Arabie Saoudite (et les autres pays du Golf) Lire Rapport CLIQUEZ I C I   . Ces influences non seulement ont diminué l'expansion de la langue française et celle de la langue berbère , mais ont freiné également les ouvertures démocratiques de peur des "contagions" et en outre ont introduit sous couvert d'arabisme, l'extrémisme islamiste. Les conséquences ont été


      
    - l'arabisation forcée ( de l'enseignement, de                l'administration..des moyens audio-visuels,  etc;) 
         
       - l'interdiction des prénoms berbères,( pour voir la liste des prénoms berbères cliquez sur ce
      lien    )
         - -
    l'arabisation des noms berbères de certaines localités  (ex: Hermoumou, KsarSouk= Imteghren, Debdou..etc.)
          
        
    -l'interdiction de qualifier de berbère (sauf de rares cas) toute institution établissement collectivité ou événement périodique. ( Mais le qualificatif arabe ou arabo-musulman est permis )...
           -
    -L'usage du découpage administratif pour affaiblir les "zones" berbères pures et dures

    :( pour lire le papier sur la Monarchie et l'amazighité au Maroc cliquez sur ce     lien    )

     

              Après l'islamisation et avant la colonisation, la plupart des lettrés berbères l'étaient en langue Arabe .  Contrairement au Maroc,  ou la France a favorisé le régime arabe central en place et a combattu les berbères dans l'Atlas ( jusqu'en1934 ) et dans  le Rif ( guerre du Rif ) ou elle a aidé l'Espagne, la colonisation française en Algérie a eu une consequence  du point de vue de la renaissance berbère , qui a débuté en 1830 (essentiellement en Kabylie et au début surtout par nécessité coloniale de supplétifs indigenes (traducteurs, soldats,etc...) et en Tunisie , puisqu'elle leur a permis d'acquérir en français un "savoir" moderne et produire des intellectuels et des élites qui ont des revendications  nationalistes et berbères.. ( lire texte sur la complicite du colonialisme et du pouvoir arabo-islamiques central au Maroc pour combattre les imazighen )     LIEN  

     

     

       LE MAROC RECONNAIT LA CULTURE BERBERE:

     

    L'Express du 27/06/2005
    Maroc
    Le réveil berbère

    d
    e notre envoyée spéciale Dominique Lagarde

    Désormais reconnues par le royaume chérifien,l'identité, la langue et la culture amazighess'affichent. Dans les villages de la montagne, où la priorité est d'abord économique et sociale, la population s'organise, à travers des associations locales de plus en plus nombreuses. La fin d'un long oubli        
                    
    Dans sa maison de pisé, au cœur du Haut Atlas oriental, Aghrour Moha reçoit autour d'un thé à la
    menthe les amis venus lui souhaiter la bienvenue. Cela fait une petite semaine seulement qu'il a retrouvé son douar et sa famille. Il vient de passer huit années en prison et il ne comprend toujours pas pourquoi.
    L'affaire remonte à 1997: une dispute entre des bergers de la tribu des Aït Hdidou, à laquelle il appartient, et un autre clan, celui des Aït Ihya, pour une histoire de pâturage. Une tente est brûlée, quelques moutons sont tués. Aghrour jure qu'il n'a rien fait. Mais, un matin, les gendarmes sont venus les chercher, lui et 13 autres hommes du village. A Er-Rachidia, la grande ville la plus proche, un juge les a condamnés à de lourdes peines de prison. Aghrour est le dernier à avoir été gracié. Maintenant qu'ils sont tous libres, ils veulent organiser une fête pour sceller, avec les Aït Ihya, la «réconciliation des tribus». Car ici, en terre amazighe (berbère), c'est depuis toujours le clan qui engendre le lien le plus fort.

              
    Reportage photo

    © T. Dudoit/L'Express
      27/06/2005
    Maroc : le réveil berbère
    Désormais reconnues par le royaume chérifien, l'identité, la langue et la culture amazighes s'affichent. Dans les villages de la montagne, où la priorité est d'abord économique et sociale, la population s'organise, à travers des associations locales de plus en plus nombreuses. La fin d'un long oubli

    Nous sommes dans la région d'Imilchil, fief des Aït Hdidou. Etablis dans ces montagnes depuis le XVIIe siècle, ces Berbères d'origine saharienne étaient, autrefois, des guerriers. Tout comme, un peu plus au sud, là où commence le Sahara, la tribu cousine des Aït Merghad, rassemblée autour du vieux ksar de Goulmima et de sa palmeraie. Cette région du Maroc, où David Lean tourna Lawrence d'Arabie, sera la dernière à être soumise par les Français, lors de la bataille de Boughafer, en 1933, plus de vingt ans après la proclamation du protectorat. C'est un pays de montagnes ocres et arides, avec des oueds qui creusent des gorges étroites ou qui coulent au fond de vallées paisibles, entre peupliers et lauriers-roses, avec des canyons profonds, des douars qui ont la couleur de la terre, et des casbahs de pierres sèches.
    Avec le Souss, au sud de Marrakech, et le Rif (1) au nord, l'Atlas est l'une des trois régions berbérophones du royaume chérifien. Cela fait des milliers d'années que les Imazighen («hommes libres») peuplent ces montagnes et leurs contreforts sahariens
    Ils sont les premiers habitants du Maroc. Les Phéniciens - au XIIe siècle avant Jésus-Christ - et les Carthaginois - au Ve siècle avant Jésus-Christ  leur ont appris l'usage du fer, la culture de la vigne et celle de l'olivier. Sous la domination romaine, les Berbères ont donné deux papes à la chrétienté - Victor Ier, en 189, et Miltiade, en 311 - avant le grand tournant, au VIIe siècle, de la conquête arabe. Ils font alors allégeance aux Idrisides, originaires de la péninsule Arabique, et embrassent la foi musulmane.

    La rencontre des Imazighen et de l'islam marque le début de l'histoire du Maroc telle qu'elle est aujourd'hui enseignée dans les écoles du royaume. Tout ce qui s'est passé avant, au temps où les Berbères n'étaient pas musulmans, est zappé… Du moins les écoliers d'aujourd'hui apprennent-ils - ce qui n'était pas le cas de leurs aînés - la saga des grands empires amazighs: les Almoravides, venus du Sahara au XIe siècle, qui fondent Marrakech avant de conquérir l'Andalousie; les Almohades, originaires du Haut Atlas, qui réussiront à s'imposer dans toute l'Afrique du Nord; les Mérinides, très tôt arabisés, qui, pour gouverner, s'appuient sur l'élite andalouse. C'est à leur époque seulement, au XIIIe siècle, que la langue arabe s'impose dans les cercles du pouvoir. Elle va s'étendre dans les plaines et dans la plupart des villes. Les montagnes, elles, restent berbérophones. Sous la coupe de chefs de guerre, elles échapperont longtemps au contrôle des sultans. Une «carte politique du Maroc» d'origine française datant de 1900 (2) l'atteste. Le pays y apparaît divisé en trois zones: le makhzen, c'est-à-dire le territoire contrôlé par le sultan, les régions «semi-indépendantes» et les zones «dissidentes». En réalité, le pays berbère, à la seule exception d'une partie du Souss.

    Victimes du panarabisme
    En 1956, le Maroc, nouvellement indépendant, proclame son identité arabe. Le mouvement national   notamment le parti de l'Istiqlal (dominé par la bourgeoisie fassie) - est profondément attaché au panarabisme, qui a alors le vent en poupe du golfe Persique à l'océan Atlantique. L'arabité est considérée comme un facteur d'unité, la diversité culturelle comme un ferment de division. «Au regard du redoutable arsenal de mythes valorisant l'arabisme, les gesticulations de la berbérité ne font pas le poids», commente Mohamed Chafik. Cet universitaire, auteur de nombreux ouvrages, ex-directeur du Collège royal, à Rabat, est urd'hui considéré comme le «père» du mouvement amazigh marocain.

    Les Berbères du Maroc.
                
    Ce n'est qu'en 1991 que la revendication berbériste émerge au Maroc. Le 5 août de cette année-là, une demi-douzaine d'associations, réunies à Agadir, rendent public un texte qui réclame la reconnaissance de la langue et de la culture amazighes. Trois ans plus tard, le 1er mai 1994, sept manifestants sont arrêtés à Goulmima pour avoir défilé avec des banderoles rédigées en tifinagh, l'écriture des Berbères. A la fin des années 1990, le climat change Démocratie et droits de l'homme s'installent au cœur du débat politique. Le mouvement berbériste se greffe sur cette évolution. «La revendication identitaire amazighe s'inscrit dans la revendication démocratique, elle est partie prenante au mouvement pour les droits de l'homme», souligne Driss Khrouz, directeur  berbère - de la Bibliothèque nationale, à Rabat. Les animateurs du mouvement amazigh mettent volontiers en avant les traditions de leur culture, qui, selon eux, rendraient les Imazighen plus accessibles aux valeurs de la démocratie, voire de la laïcité: le rôle des conseils de notables, un certain égalitarisme historiquement lié aux nécessités de la transhumance…
    «Notre mouvement est porteur des valeurs de tolérance de nos ancêtres», affirme ainsi l'universitaire Meryam Demnati.

    Mars 2000: après deux années de débats, des intellectuels réunis sous la houlette de Mohamed Chafik publient un «manifeste berbère». Le texte,signé par plus de 200 personnalités, est un véritable cahier de doléances. Il demande à la fois la réhabilitation de la langue, de la culture et de l'identité berbères, la refonte de l'enseignement de l'histoire, la mise en place de fonctionnaires berbérophones dans les administrations en contact avec le public, une politique de développement régional… Il est remis au porte-parole de Mohammed VI, Hassan Aourid, lui-même d'origine berbère. La question amazighe entre au Palais.       

    Empires et royaumes disparus

    1030: début de la dynastie des Almoravides.
    1062: fondation de Marrakech.
    1121: début du mouvement des Almohades.
    1147: la dynastie des Almohades succède à celle des Almoravides.
    1163: les Almohades unifient le Maghreb.
    1269: chute de l'Empire almohade.
    1298: les Mérinides assiègent Tlemcen.
     

     Le tamazight enseigné à l'école

    Le roi nomme une commission - composée de Mohamed Chafik, de Hassan Aourid, de l'historien Abdelwahab Ben Mansour, du directeur du cabinet royal, Rochdi Chraïbi, et d'un conseiller du souverain, Meziane Belfikh - chargée d'y réfléchir. Le 17 octobre 2001, il signe le dahir (décret) qui donne naissance à l'Institut royal de la culture amazighe (Ircam)». Le Palais reconnaît désormais que l'identité du royaume est plurielle et que la berbérité y a sa part. L'Ircam est à la fois une institution universitaire et une instance consultative chargée de conseiller le souverain sur tout ce qui concerne l'identité berbère. Un caractère hybride critiqué par certains universitaires et que défend son recteur, Ahmed Boukouss. «Notre rôle politique, dit-il, nous donne une visibilité, un poids que nous n'aurions pas si nous étions une simple institution académique.»
    Priorité de l'Ircam aujourd'hui: accompagner la mise en place de l'enseignement du tamazight à l'école. Les premières classes ont été ouvertes à la rentrée 2003 dans un peu plus de 300 écoles. Sur le papier, en 2010, tous les élèves du cycle primaire du royaume devraient avoir trois heures de cours par semaine. Un objectif ambitieux qui ne sera pas atteint car le programme, ces deux dernières années, a pris du retard. L'Ircam accuse le ministère de l'Education et certaines académies de faire preuve de mauvaise  volonté - sept membres du conseil d'administration de l'institut ont démissionné en février dernier pour manifester leur mauvaise humeur - tandis que les  autorités gouvernementales invoquent des difficultés techniques qui auraient été largement sous-estimées. Il faut dire qu'avant même de rédiger les manuels il a fallu choisir l'écriture. La bataille a été rude. Les uns, notamment un courant berbériste issu de la mouvance islamiste, plaidaient pour les caractères arabes; les autres, militants d'associations laïcisantes, pour la graphie latine. C'est finalement une troisième voie qui a été retenue par le conseil d'administration de l'Ircam, appelé à trancher ce débat: les écoliers marocains apprendront à écrire en tifinagh, l'écriture des Imazighen depuis les origines. Un compromis très politique, en faveur duquel Mohamed Chafik, à l'époque recteur de l'Ircam, a pesé de tout son poids, mais qui demeure très contesté.

    Le financement des expatriés
    Aujourd'hui, les associations amazighes veulent que la monarchie aille plus loin: elles demandent la reconnaissance officielle de la langue berbère dans la Constitution. En faisant valoir que 10 millions de Marocains, soit près 40% de la population du pays, sont berbérophones. En attendant, la berbérité s'affiche. Les festivals de musique ou de poésie amazighes attirent les foules.

    Dans le monde des affaires, une nouvelle génération émerge. «La berbérité a davantage de visibilité, constate le politologue Mohamed Tozy. On ose maintenant lire le paysage économique ou politique en ces termes.» «Il y a beaucoup moins de complexes qu'avant», confirme Aziz Akhannouch, président de la région Souss-Massa-Draâ et jeune patron - berbère - du groupe Akwa, dont les activités vont de la distribution d'essence et de gaz à la téléphonie mobile, en passant par l'assurance et la presse.

    L'été des festivals

    Festival Timitar, du 2 au 9 juillet, à Agadir.
    Festival Tiwan (Liens) pour la chanson et la poésie amazighes modernes, du 15 au 17 juillet, à Midelt.
    Festival des arts d'Ahidous, du 22 au 24 juillet, à Aïn Leuh, près d'Azrou.
    Festival Isuraf, du 4 au 6 août, à Al-Hoceïma.
    Festival des arts de l'Atlas, la première semaine d'août, à Azilal.
    Festival des musiques des cimes, du 25 au 28 août, à Imilchil.
            
    Les débats au sein de l'Ircam ont peu de prise sur le monde rural, qui constitue l'essentiel du pays
    berbère. Mais on assiste depuis quelques années, dans ces régions, à une floraison d'associations locales de développement, dont les animateurs ne cachent pas que leur démarche est, aussi, largement identitaire. «Le  problème de l'amazighité n'a jamais été purement économique et social. L'amazighité, c'est également les routes, l'électricité, l'eau potable», souligne Mounir Kejji, militant berbériste, chercheur au centre Tarik ibn Zyad, à Rabat. «Les gens ont pris conscience qu'il ne fallait pas compter sur l'Etat et qu'ils devaient se prendre en main, ajoute-t-il. D'où l'engouement pour les associations.»

    Les premières sont nées dans le Souss, à l'époque de Hassan II, en grand partie grâce à l'argent des expatriés (3). «L'‘‘Arabe du coin'' est un Chleuh [un Berbère du Souss]», dit Abdellah Bounfour, qui enseigne le berbère à Paris. Traditionnellement commerçants, les Soussis ont investi, dans nos grandes villes, épiceries et commerces de fruits et légumes Ayant acquis une certaine aisance financière, ils ont cherché à aider leurs villages. D'où le foisonnement d'associations. Electrification, construction d'ouvrages hydrauliques, de pistes, de routes, de dispensaires… les initiatives villageoises, souvent financées par l'immigration, se sont multipliées
    A cette époque, la monarchie se désintéressait du développement des campagnes. Aujourd'hui, celui-ci est devenu une priorité. La démarche associative est encouragée officiellement dans toutes les régions rurales. Les assemblées traditionnelles des tribus berbères - les qalila, au niveau du clan, les comités de douar dans les villages - sont invitées à se doter d'une structure juridique pour bénéficier des appuis administratifs et pouvoir collecter des fonds.
    A Anergui, commune du Haut Atlas située entre Imilchil et Azilal et qui regroupe une demi-douzaine de douars, c'est un «fonctionnaire d'autorité» - ainsi se définit Lahcen Houhemou - qui a pris, l'an dernier, l'initiative de créer l'Association Mouriq pour le développement, du nom de l'une des montagnes qui dominent le village, avec son ami Chérifi Hammou. Ce dernier, qui conduisait le 4 x 4 municipal avant qu'il tombe définitivement en panne, possède un petit gîte où il accueille des randonneurs. «Nous avons réalisé qu'il nous fallait un statut et un compte bancaire pour pouvoir recevoir leurs dons», explique Lahcen.
    Les premiers fonds récoltés ont servi à acheter des médicaments, des stylos et des cahiers pour les enfants. Récemment, une demande de subvention a été adressée aux autorités de la région. En projet: la construction d'une salle de classe et l'achat d'une ambulance - l'ambassade du Japon a été sollicitée, avec le soutien de l'administration. Les deux compères aimeraient aussi pouvoir acquérir un tracteur afin d'entretenir les pistes, souvent impraticables dès qu'il pleut. Lahcen a même écrit à Jacques Chirac pour lui demander son aide. Le premier médecin à trois heures de route Il exhibe fièrement la lettre de l'Elysée qui lui suggère de s'adresser au service de la coopération de l'ambassade de France à Rabat: «Au moins, il m'a répondu!» Sa requête n'a rien d'un caprice: il faut rouler trois heures sur la caillasse pour atteindre le premier médecin. Un accouchement difficile peut, très vite, tourner au drame. Plusieurs femmes d'Anergui sont mortes en couches faute d'avoir pu être transportées à temps dans un hôpital. Celle de Chérifi a eu plus de chance: elle a mis leur enfant au monde sur la piste…

              

    L'Internet berbère
    quelques sites ( la liste n'est pas exhaustive )
    www.tawiza.net

    www.amazighworld.org
    www.ircam.ma
    www.souss.com
    www.mondeberbere.com
    www.leschleuhs.com
    www.berberescope.com

    etc...
    Aït Iazem, au nord d'Azilal, dans le Haut Atlas central: une centaine d'hommes armés de pioches s'affairent, malgré la chaleur, autour du vieux puits de cette commune rurale. Il faut l'agrandir et préparer la pose de canalisations. Avec, dans six mois, la perspective d'avoir un château d'eau et pour chacun, enfin, des toilettes et l'eau courante. L'initiative du projet revient à l'Association Azilal pour le développement, l'environnement et la communication (Aadec), qui a incité les villageois à se doter de leur propre association et organisé un partenariat avec un organisme public, l'Agence de développement social. Celle-ci finance 80% des travaux, mais les villageois doivent prêter leurs bras et fournir ainsi, en nature, 20% du coût du projet.L'Aadec a été créée il y a cinq ans par quatre jeunes d'Azilal. Ils reconnaissent avoir profité d'un «climat favorable». Leur objectif: faire en sorte que leur région ne soit plus une «province par le pouvoir central parce qu'elle était considérée comme dissidente», explique Lhoucine Oualla, vice-président de l'Aadec, qui aimerait voir officiellement reconnue la «résistance de la montagne berbère à l'occupation coloniale». «Bien souvent, dans les douars, ajoute-t-il, les gens n'ont pas d'autres liens avec l'Etat que les taxes sur le sucre et le thé.» La province a aussi payé un lourd tribut aux années de plomb: 7 000 détenus recensés.

    Un soulèvement durement réprimé C'est vrai de tout le Haut Atlas et de ses contreforts. Plus à l'est, les régions d'Imilchil, de Goulmima et de Tinghir furent, en mars 1973, le théâtre d'une ultime tentative de soulèvement contre la monarchie. A l'instigation des dirigeants de la gauche marocaine alors basés à Oran (4), plusieurs dizaines de maquisards berbères tentèrent d'installer un foyer révolutionnaire. Sans doute trahis, la plupart d'entre eux ont été tués les armes à la main. Les autorités ont alors procédé, dans toutes les localités avoisinantes, à des arrestations massives. «A l'époque, raconte Ihou Chari, un professeur de français aujourd'hui à la retraite, j'enseignais à Goulmima. Je n'étais pas impliqué dans le soulèvement. Mais j'étais membre du Syndicat national des enseignants et j'avais adhéré à l'Union nationale des forces populaires. Comme beaucoup de jeunes gens arrivés à l'âge adulte dans les années 1960, je croyais au tiers-mondisme, j'admirais Che Guevara. Cela a suffi pour qu'ils m'emmènent. Ils ont raflé tout le monde, du berger au prof d'université.» Il fut détenu pendant trois ans et demi, sans jamais
    passer en jugement. Libéré, il est sommé de se taire. Jusqu'à cette année et son audition devant l'instance Equité et réconciliation, chargée d'entendre et d'indemniser les victimes des dérapages du passé.
    Cette mémoire-là commence à peine à sortir des oubliettes de l'histoire officielle.

    de notre envoyée spéciale Dominique Lagarde, avec
    Mohammed El-Bakkali
     

    Date:  Sat, 9 Jul 2005 21:35:58 -0400 (EDT)
       
    To:  amazigh-net@yahoogroups.com
    Subject:  [Amazigh-Net] Le magazine francais L'Express du 27/06/2005: Le réveil berbère

    La reconnaissance pour la 1ere fois de l'amazighité au Maroc  par le Roi ( Ajdir khenifra 17 oct.2003 )

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                Le jeune roi du Maroc, Mohamed VI, dans son discours de 17 octobre dernier, prononcé dans la localité d’Ajdir de la province de Khénifra, a relevé la reconnaissance de l’amazighité pour la première fois dans l’histoire contemporaine du pays.
                    De cette façon, le roi l’autorité suprême de l’Etat, reconnut l’identité Amazigh comme partie intégrante et indissociable de l’identité plurielle du Maroc, en réitérant ce qui a été confirmé lors de son discours du trône , lequel éveilla un grand débat national : l’amazighité est une affaire de tous les marocains, et sa promotion est une responsabilité nationale. Des déclarations très braves et salutaires,quand on sait que son défunt père, Hassan II, n’a pas tenu ses promesses de 20 Août 1994 en ce qui concerne l ’enseignement de la Tamazight. Non plus, le premier ministre, Abderrahmane Youssoufi, n’est arrivé à concrétiser aucun de ses projets mentionnés lors de son discours d’investiture en faveur de la promotion de la culture amazighe, enracinée et millénaire.

    Ce que nous voulons présenter maintenant n’ est qu’une modeste approche d’analyse des relations existantes entre la monarchie marocaine et les imazighen. En premier lieu ,il faut signaler que c’est incompréhensible qu’au Maroc, l’Etat a ignoré les droits linguistiques et culturels des Amazighs depuis 1956, alors que ces derniers ont proportionné de grands et valeureux appuis à la monarchie, d’une part en prenant les armes pour lutter pour l’indépendance du pays et rendre possible, le retour de l’exil du roi Mohamed V. Et d’autre part, les Imazighen de l’Atlas et du Rif, ont réussi à créer tout un parti politique en suivant les recommandations du roi (le Mouvement Populaire), qui a cassé le monopole politique auquel aspirait le Parti de l’Istiqlal.

    Si quelques uns des officiers imazighen se sont aventurés à provoquer des coups d’Etats au début des années soixante-dix comme le rifain Ababou, qui a initié le coup d’Etat de 1971, ce fut comme une sorte de revanche de la violente répression que le parti de l’Istiqlal avait déchaîné contre les rifains, en envoyant le prince Hassan II pendant les fatidiques années de 1958 et 59, un fait qui a été dévoilé par un ancien prisonnier de Tazmamart, Mohamed Raiss, dans son livre (Mémoires de Mohamed Raiss) . Néanmoins, le coup d’Etat suivant manqué entrepris par le général Oufkir, en 1972 se réalisa avec la complicité de figures éminentes de la gauche socialiste comme le propre premier ministre, un fait que nous a confessé personnellement le cousin du leader rifain Abdelkrim, le Dr.Omar Abdesslam El Khattabi, qui a authentifié la lettre de problématique opposant, Fkih EL Basri. Pourquoi la gauche s’est alliée avec ce général formé par le colonialisme français, qui a réprimé sauvagement les rifains en 1958 et 1959 ? En réalité, la stratégie du parti de Youssoufi, l’USFP (antérieurement UNFP) comme aile gauche de l’Istiqlal, était d’imposer un régime dictatorial, inspiré du baasisme de l’Iraq et de la Syrie et animé par les discours enflammés de Jamal Abdel Nasser, mentor du panarabisme proche-orientale. Au fond, la préoccupation majeure des panarabistes marocains se centrait à anéantir l’identité Amazighe, puisque les imazighen n’étaient non seulement des adversaires politiques mais aussi leurs ennemis qu’ils devaient éradiquer du panorama national. Pour cette raison, ils furent qualifiés de collaborateurs avec le colonialisme français. Leur stratégie était l’arabisation de toutes les sphères de la vie publique (l’administration, l’éducation, moyens de communication, etc.) ayant comme objectif primordial la marginalisation des imazighen dans tous les domaines , y compris l’aspect économique. Cette dernière marginalisation provoqua la rébellion du Rif. Pour cela ils ne doutèrent même pas à liquider physiquement des leaders amazighes , comme Abbas Messaudi, chef de l’armée de libération du Nord, qui fut assassiné par ordre du célèbre leader Mehdi Ben Berka. Ceci fut précisément l’étincelle qui déchaîna le soulèvement des rifains contre l’Istiqlal.

    Mais le principal objectif des assassinats des leaders amazighes de l’armée de libération ,- qui maintenant commencent à sortir à la lumière à travers la nouvelle presse indépendante du pays (y inclus Le Monde Amazigh)- était de convertir l’Istiqlal ou l’USFPen un parti unique au sein duquel se concentreraient tous les pouvoirs politiques, comme avait fait Habib Bourgiba en Tunisie. Le livre très intéressant de Mustapha Aarab qui vient d’apparaître sous le titre de « Le Rif entre Le trône, l’armée de libération et le parti de l’Istiqlal » nous dévoile plusieurs réalités historiques de ces premières et difficiles années de l’indépendance du Maroc. Les leaders du l’Istiqlal n’ont pas accompli leurs objectifs , puisque le roi Mohamed V a pu réussir à créer en 58 un parti qui agglutinait les notables imazighen du milieu rural sous le leadership d’un capitaine de l’armée coloniale française : le Mouvement Populaire de Mahjoubi Aherdan (créé avec le Dr. Abdelkrim Khatib). Cette même année 1958 une nouvelle loi de libertés publiques est dictée pour favoriser le multipartisme.

    Devant ce fait, nous nous demandons si le multipartisme a favorisé les imazighen et la défense de leurs droits ? Malheureusement, la réponse est négative. La grande partie des partis marocains actuels (USFP, OADP, PSD, FDS,Istiqlal, PDC, PADS...) d’origine urbaine, surgit à partir de successives divisions de l’Istiqlal, héritant presque toujours la même idéologie discriminatoire envers l’amazighité ,d’une part. Et d’autre part, les partis implantés fondamentalement dans le monde rural, de base électorale amazighophone, comme les dérivés du Mouvement Populaire (MPDC,MNP et MDS , sans compter avec les partisans du Bouazza Iken, de Dr. Najib Wazzani et de Chakir Achahbar) et les partis administratifs (RNI, UC...), n’ont jamais assumé les véritables revendications amazighes. Ils se prêtaient uniquement à collaborer avec les anciens ministres de l’Intérieur, comme Dris Basri, afin de leur permettre de fabriquer des majorités électorales, et en contrepartie leurs intérêts personnels étaient favorisés au détriment du l’intérêt général des populations rurales.

    L’une des clés de la monarchie de Hassan II pour renforcer son pouvoir absolu était le jeu auquel se prêtaient ces formations politiques dans le milieu rural. Ainsi le décrit parfaitement Mustapha El Qadyri dans son excellente thèse « Maroc :L’Etat national et les berbères », quand il affirme : « grâce aux ’Berbères de la politique’, le roi a éliminé l’Istiqlal de son rôle de monopole de la représentation. Après l’éclatement de celui-ci, le roi a trouvé dans les ’Berbères de la violence’ le principal atout pour réduire les mouvements sociaux naissant de l’activisme politique des militants de l’U.N.F.P. et a fait des militaires les principaux agents de commandement dans l’administration territoriale ». Selon El Qadyri, le Mouvement Populaire ressemblait plus à un syndicat de notables qu’un parti politique. Celui-ci avait réussi à regrouper au sein de ces cercles les élites traditionalistes rurales (que le protectorat mobilisait, d’ailleurs en sa faveur), et qui se sont révélés de grands collaborateurs du Makhzen dans le maintien de l’immobilisme politique des structures sociales, tout en essayant de récupérer à chaque fois toute contestation sociale amazighe (même s’elle est que simplement culturelle).

    Le premier ministre, Abderrahmane El Youssoufi, avait affirmé dans un article ayant comme titre « Le Maroc :la transition démocratique » paru dans El Pais (13/8/2001) que le pays se dirigeait vers un Etat de droit de type européen. Il a voulu nous vendre que son parti, l’USFP, est le seul qui puisse assumer la noble mission de la transition démocratique, quand sa formation politique - d’ailleurs comme les autres partis traditionnels - est submergée dans une profonde crise interne, suite à la falsification de son VI congrès, aux révélations de l’agent Boukhari sur le fait que 70% de sa directive est composé d’agents secrets, et par la dissidence des partisans d’Amaoui qui ont consommé une n-ième division... Toutefois, le succès de la transition vers la démocratisation effective du pays, loin de cette politique de changer tout pour que rien ne change, a besoin nécessairement d’un parti fort - ou d’un groupe de partis ou encore d’un mouvement - qui aille une crédibilité et un courage pour conduire cette mission à laquelle aspire le peuple marocain, et surtout ses jeunes ;et l’USFP est sans doute incapable de le devenir. Les seules mouvements qui émergent avec force dans l’actuel carte politique sont incontestablement les islamistes et les amazighistes. Les islamistes, agglutinés autour du parti PJD et du chef Abdeslam Yasin, ne pourront pas mener le pays vers une société démocratique et moderne. Il suffit de se souvenir de la fameuse manifestation de Casablanca contre le Plan de l’intégration de la Femme au développement. Les imazighen peuvent -ils constituer cette force qui mènerait cette tant espérée transition démocratique vers ses vrais objectifs ? La vérité, c’est que, au moins dans le milieu urbain , ont surgi de nouvelles formations politiques qui pourraient constituer une alternative à ces partis traditionnels et administratifs( comme les partis de Lahjouji, Ziane, Belhaj ou la nouvelle Gauche Socialiste Unie), par contre dans le milieu rural, habité majoritairement par des amazighophones, les partis traditionnels sont encore bien implantés et qui ont constitué -et constituent encore- les forces les plus conservatrices, dévouées au vieux système du Makhzen qui résistent à n’importe quelle changement ou réforme de la vie politique.

    Comme l’affirme le journaliste Ali Lmrabet « les berbères sont à l’expectative, ils ne connaissent pas vraiment leurs vrai force ». Il a parfaitement raison ,puisque si les imazighen arrivent à en prendre vraiment conscience, ils pourront arriver à créer cette organisation politique ou mouvement de masses qui constituerait cette force alternative et nécessaire pour mener à bon terme la transition démocratique tant attendue. La nouvelle élite amazighe, jeune et bien formée intellectuellement, plus liée à l’Europe démocratique qu’au Proche Orient autoritaire, désirent ardemment un système démocratique, de même type qu’il y a dans l’Etat espagnol ou allemand. Au moins dans ces deux pays il y a une vraie décentralisation de la région, qui permet le développement économique, social et linguistico-culturel de chaque région, définie par ses caractéristiques géographiques, historiques, eco-climatiques . Néanmoins, ils refusent une décentralisation artificielle de 16 régions qui n’ont aucune faculté de décision politique ni prérogatives financières pour prendre des initiatives propres et déployer leurs capacités de développement local.

    La classe politique marocaine, gérantocrate et dépassée, s’est précipitée à donner une simple interprétation du discours royal d’Ajdir, qui s ’ajuste très bien à sa paresse intellectuelle et idéologique, en ne retenant que la phrase de la non politisation de tamazight. Ceci révéla son instinct de nulle volonté de changement ou de réforme, face aux urgentes demandes de la jeunesse marocaine, prisonnière des réseaux de l’immigration clandestine qui leur propose des paradis après le détroit de Gibraltar ou de faux emplois comme le cas de 30000 postes d’une société émirati. Mais il y a un fait probant : le roi Mohamed VI a affirmé que l’amazighité est une responsabilité nationale.Une responsabilité national comme l’est la question du Sahara. Cette classe politique parle tout le temps du Sahara, alors que dans le cas de l’ amazighité ( al-qadiya al-amazigiyya) elle veut enterrer rapidement son débat en insistant sur la politique ratée de l’assimilation (de l’arabisation idéologique !) Quelques uns ont interprété l’initiative du roi en faveur de la tamazight comme une forme de ’makhzeniser’ une partie de l’élite du mouvement culturel amazigh, qui peut être parfaitement le cas. Au fond, le roi pourrait avoir pris cette initiative comme une forme de stimuler la confiance des imazighen et les encourager pour qu’ils s’impliquent d’avantage dans le décollage économique que nécessite le pays, surtout que la bourgeoisie du Fez n’arrête pas de sauver ses épargnes vers les banques suisses, canadiennes et américaines et que l’ancienne élite formée par Allal El Fassi est de plus en plus impliquée dans des scandales financiers qui ne cessent de flotter à la surface.

    Peut-être que c’est pour cette raison que le roi a nommé à la tête du Ministère de l’intérieur un entrepreneur soussi d’Essaouira afin de faire marcher les guichets régionaux de l’investissement. No obstant, cette politique ne pourrait avoir de résultats positifs que s’elle arrive à impliquer activement les imazighen dans le changement de leurs mentalités et de leurs coutumes politiques. Dans le cas où le vrai objectif de créer cet Institut Royal de la Culture Amazighe - appuyé par l’article 19 de la Constitution, qui nécessiterait être réformé si vraiment nous voulons aspirer à un vrai Etat monarchique de droit et de style européen - est de condamner au silence les militants amazighes, ceci constituerait sans doute un appui implicite aux islamistes radicaux. Qu’en le veuille ou non, l’unique force qui pourrait freiner la vertigineuse ascension de l’idéologie radicale islamiste est celle que pourraient développer les militants amazighes. Ou sinon, nous nous dirigerions vers une situation semblable à celle vécue par l’Algérie avant de tomber dans le labyrinthe de la violence. La situation actuelle du Maroc est préoccupante pour la balkanisation politique : chaque semaine on annonce la création d’un nouveau parti politique qui n’a de préoccupation que le jour des élections.

    En plus, pour ces prochaines échéances électorales l’appel des militants amazighs (Congrès Mondial Amazigh, Groupe d’Action Amazigh, Réseau Amazighe pour la Citoyenneté, l’association du Manifeste Amazigh, Conféderation TADA...) à la non participation est d’une importance capitale pour que les imazighen prennent conscience que la Constitution qui régie le Maroc ne reconnaît même pas leur propre existence , malgré le fait qu’ils constituent la majorité de la population de ce pays ;et il n’est plus question de continuer à cautionner encore leur marginalisation par des politiques importées du Proche Orient arabe,et qui ont sombré le pays dans une crise économique sans égale dans son histoire !!!

    La vieille politique du Makhzen, qui persiste encore à s’appuyer sur les élites politiques traditionnelles, rétrogrades et médièvalistes est vouée de manière catégorique à accumuler plus d’échecs. La jeunesse amazighe a devant elle un grand défi à relever s’elle veut aspirer à vivre dans un Etat moderne et ouvert, c’est celui de s’impliquer de manière plus déterminante, en s’organisant politiquement, dans le destin de leur pays, en substituant la vieille élite rurale clientéliste. Par ce que les vents de démocratisation en Tamazgha viennent toujours de ses montagnes et il est temps que les vieux fidèles sujets de « la monarchie absolutiste » soient écartés de la scène politique par les jeunes citoyens défenseurs de l’Etat de droit.

    Rachid RAHA, président de la Fondation Montgomery Hart des Etudes Amazighs - Le Monde Amazigh

    source: amazigh.info

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    20-06-2004 22:35 

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