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BERBERES UNE CIVILISATION
LIBRES!!!
1- Histoire des Berbères
Les origines
Le Maghreb s'enrichit aussi d'autres apports; du nord, par l'est et par l'ouest, à travers les détroits de Messine et de Gibraltar, arrivèrent des populations européennes. Certaines nécropoles et tombes maghrébines témoignent de la présence dès le IIIe millénaire d'une population noire venue du sud, probablement à la suite de l'assèchement du Sahara. Au IIe millénaire, d'autres petits groupes continuèrent à affluer au Maghreb. C'est à ce fonds paléoberbère divers, mais à dominante capsienne (c'est-à-dire appartenant à la culture préhistorique de Capsa), que les spécialistes rattachent les Proto-Libyens, ancêtres des Berbères. Des données physiques mais aussi culturelles même emploi rituel de l'ocre rouge, même utilisation et décoration de l'uf d'autruche sont souvent invoquées pour appuyer la thèse de la parenté entre capsiens et Proto-Libyens.
Les sources
Du Ier millénaire à la reconquête byzantine
Les premiers royaumes berbères
La domination romaine
Au milieu du Ve siècle, les Vandales s'emparèrent de Carthage et occupèrent une partie de l'Afrique romaine, la Tunisie et l'est de l'Algérie. L'Aurès, la Kabylie, la Mauritanie et la Tripolitaine ne tombèrent pas sous leur domination et des tribus berbères purent se constituer en royaumes indépendants. La reconquête byzantine, entreprise en 533, mit fin à la suprématie vandale et, en quelques mois, l'Afrique du Nord redevint romaine. Néanmoins, les Berbères continuèrent leur mouvement d'autonomie amorcé au siècle précédent.
De la conquête arabe (VIIe siècle) à l'Empire almohade (XIIe siècle)
Le mouvement commença vers 740 à l'ouest puis s'étendit à tout le Maghreb. Son ampleur fut telle que les troupes arabes mirent plus de vingt ans à récupérer la seule Ifriqiya. Ailleurs, des États indépendants petit État des Barghawata sur le littoral atlantique (744 après 1050), royaumes de Tahert (761-908), de Sidjilmasa (772-997), de Nakkur dans le Rif (809-917), principauté sofrite de Tlemcen (765-avant 790?) échappèrent au contrôle du pouvoir central abbasside.
L'agitation reprit au Xe siècle au nom du chiisme, que les Berbères adoptèrent en réaction à l'orthodoxie sunnite de l'islam; l'Ifriqiya aghlabide (800-909), royaume rattaché nominalement aux Abbassides, tomba en 910 entre les mains des chiites fatimides aidés par les Berbères Ketama de Petite Kabylie.
L'introduction du chiisme ismaélien en Afrique du Nord eut pour conséquence l'affaiblissement du kharidjisme puis le retour en force du sunnisme. Après 950, le kharidjisme ne subsista que dans des zones refuges. Une autre conséquence du chiisme fut la division des Berbères en deux groupes rivaux: les Sanhadjas, qui avaient embrassé la cause fatimide, et les Zénètes, qui furent les alliés des Omeyyades d'Espagne. Cette rivalité s'exprima après le départ des Fatimides pour l'Égypte en 973, et, au début du XIe siècle, le Maghreb connut un état de fractionnement politique. Les royaumes berbères se multiplièrent: ziride (973-1060) et hammadide (1015-1163) fondés par les Sanhadjas; ceux de Tlemcen, de Sidjilmasa et de Fès contrôlés par les Zénètes. Au Xe siècle, des invasions de nomades arabes de la tribu des Hilaliens contribuèrent à maintenir ce fractionnement politique jusqu'au moment où, dans l'ouest du Maghreb, un mouvement berbère cohérent se constitua: le mouvement almoravide. Partis du Sahara, les Lamtouna entreprirent une conquête progressive de la partie occidentale du Maghreb. Sous la conduite de leur chef, Youssef ben Tachfin, ils étendirent leur empire, à l'est, jusqu'au massif de la Grande Kabylie (1082-1083). Moins de dix ans après, les Berbères almoravides devinrent maîtres de toute l'Espagne musulmane. L'hégémonie de la dynastie almoravide persista jusqu'en 1147.Un mouvement religieux, apparu en réaction contre les murs des Almoravides jugées trop tolérantes, fut à l'origine de la dynastie almohade. Des tribus du Haut Atlas marocain, sous l'impulsion de Mohammad ibn Toumart, réussirent à unifier tout l'Islam occidental, de la Tripolitaine à l'Espagne. L'Empire almohade connut son apogée à la fin du XIIe siècle.
Du XIIIe siècle à nos jours
Aux XIXe et XXe siècles, tout le Maghreb passa, pour plusieurs décennies, sous la domination française. Depuis l'instauration de l'indépendance des pays de l'Afrique du Nord et de l'Afrique noire, les populations berbères connaissent souvent une situation difficile, tant politique que culturelle, ainsi les Kabyles en Algérie ou les Touareg en Algérie et au Niger.
2- Organisation politique des Berbères
Ces unités politiques village ou cité n'étaient pas toutefois le fondement du pouvoir; celui-ci était accaparé par des entités plus importantes, tribus et confédérations. L'histoire politique des Berbères est jalonnée par de grands regroupements qui comme chez les Numides et les Maures dans l'Antiquité débouchèrent parfois sur des embryons d'États. L'exemple le plus original et le mieux connu d'une organisation politique berbère de type confédéral est celui des Aït Atta, dans le sud-est du Maroc. Cinq segments, ou khoms, constituaient la confédération; celle-ci avait à sa tête un chef suprême élu chaque année dans un segment différent par des électeurs des quatre autres segments. Chaque tribu conservait cependant son autonomie et élisait son propre chef. Ce système d'organisation segmentaire et quinaire, que les Romains nommaient quinquegentiani, dut être dans l'Antiquité celui des Berbères.
L'exemple touareg
Cependant, l'absence d'assise territoriale et de certaines règles politiques élémentaires, notamment celles relatives à la transmission du pouvoir, contribua pour une large part au caractère éphémère des États berbères. Les royaumes ou ce qui fut qualifié de tel par les auteurs de l'Antiquité n'étaient souvent que des agrégats de tribus, voire des chefferies
3- Organisation sociale des Berbères
4- Religion
Sans être mineur, l'apport romain fut sporadique, et se heurta à la résistance culturelle berbère. Tout autre fut l'influence du christianisme. La position de Carthage au carrefour de l'Orient et de l'Occident, l'omnipotence à l'époque romaine du dieu africain Saturne, l'existence précoce en Proconsulaire (Tunisie) et en Numidie (Algérie) de communautés juives prosélytes préparèrent le terrain et frayèrent la voie au monothéisme chrétien.
Le christianisme
Cependant, l'évangélisation se poursuivit, dépassant parfois les limites géographiques de l'Empire romain. Toutefois, malgré des conversions tardives comme celle des Garamantes, au sud de l'Atlas, vers 568-569 , le christianisme resta une religion principalement urbaine.
L'islam
Au Xe siècle, les Ketama de Petite Kabylie constituèrent au profit du mahdi Obeid Allah un grand empire chiite (fatimide). L'orthodoxie (le sunnisme) ne triompha qu'à partir du XIe siècle; son succès fut l'uvre d'autres Berbères: les Sahariens nomades Lamtouna d'abord, les montagnards Masmouda ensuite l'imposèrent définitivement. Avec l'avènement au XIIe siècle de l'Empire almohade, la dissidence religieuse ouverte fut bannie du Maghreb. Seul le kharidjisme, dans sa tendance ibadite, survécut au mouvement réformateur almohade. Du djebel Nefousa, en Libye, au Mzab, en Algérie, et à l'île de Djerba, en Tunisie, des communautés ibadites se sont maintenues jusqu'à nos jours.
5- Langue
On suppose qu'une langue berbère homogène a existé avant d'éclater en 4 000 à 5 000 idiomes. L'histoire de la langue berbère reste cependant de reconstruction difficile. Le linguiste dispose de quelques fragments de textes en berbère, des ethniques, des toponymes et anthroponymes conservés par les sources arabes médiévales. C'est peu pour restituer l'évolution d'une langue. Le libyque, dans lequel sont rédigées plus de 1 200 inscriptions d'époque antique, est tenu pour une forme ancienne du berbère, sans que des preuves scientifiques aient été fournies.
L'alphabet libyque connu d'après certaines inscriptions s'apparente à celui du touareg actuel, le tifinagh, et les données de l'anthroponymie et de la toponymie militent en faveur de la parenté et de la continuité entre le libyque et le berbère.
Pour mieux connaître la langue berbère et pallier le manque de documentation historique, les spécialistes ont aussi recouru au comparatisme. On a cherché très tôt à apparenter le berbère à d'autres idiomes. Ainsi le guanche, langue parlée jusqu'au XVIIe siècle aux îles Canaries, lui fut-il rattaché. Le berbère fut également rapproché du haoussa et du basque. Ces démarches se sont révélées infructueuses. En fait, la théorie qui place le berbère dans un grand ensemble linguistique à côté de l'égyptien ancien, du couchitique et du sémitique emporte actuellement l'adhésion de la plupart des linguistes.
6- Littérature
Les Berbères utilisèrent assez tôt les langues étrangères. C'est en latin qu'écrivirent des auteurs africains aussi illustres qu'Apulée, Tertullien, saint Cyprien ou saint Augustin. Le latin, langue de l'administration dans les provinces romaines d'Afrique, devint aussi, avec le christianisme, langue de religion. L'islamisation entraîna par la suite l'arabisation linguistique des Berbères.
Toutefois, à l'époque islamique, il y eut encore une littérature berbère écrite; peu fournie, et essentiellement de nature religieuse, elle consista en quelques textes et ouvrages transcrits en caractères arabes avec des signes additionnels. À côté de traités ou de commentaires de religion, souvent attribués aux ibadites ou aux Almohades, il faut mentionner deux Coran rédigés en berbère et attribués l'un à Salah ben Tarif (VIIIe siècle), l'autre à Hamim des Ghomara du Maroc septentrional (Xe siècle). Les archives, rares et récentes, consistent pour l'essentiel en textes juridiques. Le droit berbère de tradition coutumière fut consigné par écrit à des époques différentes. Ainsi des règlements de nature pénale furent rassemblés en recueils. Certains de ces documents, originaires du pays chleuh, dateraient du XIVe siècle apr. J.-C., d'autres furent rédigés à des époques plus tardives. Le corpus des recueils de droit coutumier berbère s'est enrichi récemment de nouveaux documents marocains publiés dans leur langue originale.
Autrement importante fut et demeure la littérature orale berbère. Des contes et des légendes fidèlement conservés par la mémoire féminine constituent une bonne partie de la tradition orale. La poésie est également riche et ne manque pas d'originalité. Les Berbères eurent de grands poètes dont certains tel le Kabyle Mohand (vers 1845-1906) ou la targuia Daçin furent de véritables aèdes. D'autres, itinérants et professionnels, tels les amedyaz du Haut Atlas au Maroc ou les ameddahs de Kabylie, surent longtemps entretenir la mémoire collective berbère.
source : http://fr.encyclopedia.yahoo.com/
Un article fort intéressant est apparu dans le ''National Geographic'' du mois d'Octobre. Des études d'A.D.N. ont été faites sur des Libanais et des Tunisiens pour voir s'ils ont un ancêtre phénicien commun.
Les chromosomes phéniciens sont appelés '' M 89'' et ''M 172''. Les Chromosomes Amazighs sont appelés ''M 96''. Des échantillons de sang ont été pris dans plusieurs coins du Liban, et d'autres régions de Tunis.
Voici le résultat:
Les Chromosomes ''M89'' et M172 ont été trouvés chez la quasi-totalité de la population Libanaise. Chrétiens et Musulmans Libanais partagent ces même Chromosomes.
Concernant la Population de Tunis, moins de 20% de personnes ont les Chromosomes Phéniciens. Par contre le Chromosome ''M96'' se trouve chez les échantillons des personnes examinées à Tunis. Selon Le ''National Geographic'', les phéniciens se mélangeaient très peu ou pas du tout avec les populations autochtones.
On sait que les phéniciens sont les descendants des Cananéens.
Selon certains idéologues arabes, les Imazighen seraient des descendants de cananéens, donc cousins des arabes. Les recherches scientifiques génétiques nous montrent que cette théorie est Fausse: Pas de Chromosomes Cananéens chez les Imazighen.
Je vous suggère de lire l'article de national géographique du mois d'octobre 2004.
(Source: http://magma.nationalgeographic.com/ngm/0410/feature2)
Nacer oukemoum tawiza.net____________________________
1-L'AMAZIGHITE :
Il est certain que l'apparition de l'homme dans cette région remonte à des millénaires .Les recherches archéologiques qui ont été faites durant la période 1906-1960 ,par des spécialistes comme L.Babout -Souville- Nouvilles-Ruhlman-P.Biberson ,considérent le Maroc ,et le Maghreb en général, comme l'une des régions africaines qui a connu un peuplement trés ancien .
De nombreuses études archéologiques témoignent clairement de l'éxistence de la civilisation paléolitique (1500000.v.j)et de la civilisation néolitique (40.000.v.j)au Maghreb .
L'homme néanderthalien de jebl iroud (50.000.v.j) disparait dans des conditions qui échappent encore à la recherche actuelle ,en laissant sa place à un type d'homme plus intelligent ,c'est "l'Homo-sapien" (30.000.v.j).Les recherches de Débenath au site Dar-essultan prouvent que cet homme a fondu une culture dite "la culture atérienne"qui caractérise la civilisation ancienne du Maghreb .Cet homme est souvent considéré comme l'ancêtre des Imazighen(Bérbéres) ,peuple actuel de l'Afrique du Nord .
L'écriture a permis à l'homme d'entrer dans "le continent de l'histoire ".Inventée et perfectionnée dans le Proche Orient ,l'écriture est répandue rapidement dans le Bassin Méditérranéen par les phéniciens .
Les Imazighen n'ont pas ratté le rendez-vous avec les débuts de l'histoire .L'histoire des écritures anciennes est marquée par l'invention de l'écriture libyque ,ancêtre TIFINAGH par les Imazighen . Les inscriptions libyco-bérbéres sont répandues dans l'Afrique du Nord ,le Sahel et aux Canaries .Et même si on n'a pas pu jusqu'à présent ,tirer beaucoup d'informations de ces inscriptions pour mieux comprendre l'histoire des Imazighens ,ils marquent pourtant une contribution de ce peuple à l'histoire de l'humanité .1.1- UNE CIVILISATION DE L'ECHANGE CULTUREL :
Les premiers textes que nous possédons sur le Maroc sont venu de l'étranger .
Le périple d'Hanoun est l'un des textes les plus anciens sur le Maroc .Ces textes nous parlent de relations entre les phéniciens et les Imazighens. Un échange culturel a été établi entre les deux peuples pendant sept siécles .Les historiens se contentent le plus souvent de voir en les Imazighens des acteurs passifs ,des consommateurs des "recettes civilisationnelles "orientales au début de l'histoire .Alors qu'en réalité le peuple de l'Afrique du Nord a joué un role actif dans l'histoire .
Cette activité n'a pas échappé à l'oeil d'un certain Polyba (150- 200.a.v.j) ,qui a constaté que "les numides (bérbéres ) n'attendirent pas pas le régne de Massinissa pour mettre en culture leur plaines fertiles ".Cela explique que ce peuple a bien fondé une civilisation en se basant sur ses propres moyens .
Au temps des romains ,lesImazighens ont fondé des royaumes avec MAssinissa ,Boukous,Juba1 et Juba2 .
Au niveau de la culture ,la politique de la romanisation a échoué en bérbérie (Tamazgha) ,à cause de la résistance de la population d'une part ,et des efforts des intelectuels d'autre part ,dont les écrits reflétent l'imaginaire amazighe,même s'ils écrivent dans d'autres langues que tamazighte (apulé...).
Au niveau de la théologie de l'Afrique du Nord , l'histoire ancienne nous a gardé des ouvrages extrémement importants sur le christianisme africain ,avec Saint augustin et un Donatos célébre par sa tendance réformiste au sein de christianisme .
Au niveau de la science les historiens qui s'interessent à l'histoire ancienne du Maghreb considérent le roi Juba2 comme un grand savant en botanique ,en géographie ... Pline (l'ancien historien romain 23-79)nous a laissé des renseignements concernant les recherches de Juba2 sur la géographie ."Voici les résultats des recherches de Juba sur les îles fortunés ,écrit-il ,il les place aussi au midi auprés du couchant (sud-ouest)à 625.000 pas des îles porpuraires ".1.2- UNE CULTURE DE LA RESISTANCE :
Gabriel Camps ,spécialiste de l'histoire ancienne de l'Afrique du Nord ,parle de "l'échéc de la romanisation " ,et du fait que "les africains ont rejetté Rome et la latinité ,ces réussites que l'histoire retient ,ne sont que des cas individuels ;la romanisation n'a touché qu'une élite fortunée tandis que l'ensemble de peuplement bérbére ,dans les gentes ,restait en dehors de la latinité ".
Les cinq siécles de la prédomination romaine de l'Afrique du Nord ne suffisent pas pour que cette population soit déracinée ,déttachée de sa culture amazighe ,bien au contraire ,une farouche résistance a été enregistrée durant cette période (Yoghorta ,Tacfarinas 17-24 Adémon40) ,et les deux siécles de la domination vendale (434-534)et byzantine ,(534-647) n'ont "rien (laissé )ou presque rien en Afrique ".
On a constaté ,d'aprés cette analyse ,que la culture tamazighte a bien résisté à l'acculturation de plusieurs peuples qui ont conquis la région .
A la lumiéres de ces remarques ,on peut conclure que les Imazighens avaient déjà une trés grande éxpérience politique ,sociale et culturelle avant l'époque médiévale ,et avant l'arrivée de l'Islam dans la région . Cette éxpérience nous explique la façon dont la population a réagi durant la période médiévale .L'EPOQUE MEDIEVALE :
Au milieu du 7 éme siécle ,le vent de l'Islam commence à souffler au Maghreb .Les chefs militaires arabes Okba et Hassan sont arrivés avec leurs troupes dans cette région .Cependant ,il est trés difficille de dire que toute la population a été converti à l'Islam ;dés les premiers contacts, une résistance a été enregistrée ,et a duré un bon demi siécle .
Aprés deux siécles ,la Tamazgha (bérbérie ) devient musulmane ,car cette population était déjà préparée au monothéisme grâce au judaïsme et au christianisme . Les villes crées ont été considérées comme les centres religieux (Kairaouan 670-fes809) ,ce qui explique l'Islamisation des cités avant d'autres régions . Une administration des "Oulates "de Damas a été mise en place .Les sources de renseignements concernant cette organisation ,sont trés rares ,et souvent contradictoires ,ce qui fait de cette période de 681( date de l'arrivée de Okba) jusqu'à 788 ('arrivée de Idriss à Tanger) ,la période la plus ambigue de l'histoire du Maghreb .
Néanmoins ,l'Islam amazigh va se manifester de façon autonome à la suite des révoltes contre l'autorité des califes d'Orient . En 740 , une révolution éclate dans la région de Tanger ,et se termine par l'élimination de Obeid allah ,gouverneur de calife de Damas .Cette révolution de tendance kharijite a pour cause le systéme administratif et fiscal ,qui avait pour objectif l'exploitation du pays .Les califs de Damas "éxigérent (..)que ces nouveaux convertis continuent à payer le kharaj (impot foncier )et la jizia (impot personnel )".Les Imazighens qui commencent à connaitre les prescriptions de l'Islam de ses sources (coran et suna) ne peuvent pas comprendre pourquoi ils continuent à payer la Jizia .
Le mouvement des révolutions qui est né au Maroc s'est rapidement répandu dans le reste de Tamazgha (bérbérie).Ces révolutions ont adopté tout de suite le kharijisme comme idéologie .Les Imazighens qui sont attachés aux principes démocratiques de la communauté ,trouvent que le kharijisme leur convient . Nous sommes donc devant un phénoméne ancien (le donatisme) qui a réssucité dans l'histoire du Maghreb .
Aprés l'époque du kharijisme et de l'etat idrisside ,les Imazighens ont fondé de grands empires (almoravides ,10- 11,almohades 12-13,mirinides 13-14) qui s'étendent jusqu'en Lybie a l'est ,au centre de l'Espagne au nord ,et jusqu'au coeur du pays du Sahel au sud . Une indépendance politique de l'Orient ,et une unification de la Tamazgha ont vu le jour sous ces empires .
A la fin de l'époque médiévale ,le Maroc et le Maghreb en général n'ont pas beuacoup changé au niveau ethnique .Bien que les renseignements sur le chiffre exact de la population du pays font défaut ,on considére qu' "il est raisonable de le penser inférieur à celui de six millions ,chiffre avancé au début du 16 éme siécle ".L'arrivée des tribus arabes ( bani hilel .bani salim 11s-12s) n'a pas pu créer un changement éthnique important .
Au niveau de la vie intellectuelle ,le Maghreb a connu une activité trés importante ,et tous les domaines de la pensée ont été représenté .On peut citer Iben toumert au niveau théologique ,Iben rochd au niveau de la philosophie .Iben khaldoun au niveau de l'histoire et Al idrissi dans le domaine de la géographie . La production culturelle maghrébine ,à la fin de cette époque ,est caractérisée par la spécifité de la culture tamazighte,car il faut noter que la langue tamazighte "reste la langue commune à la plus grande partie de la population " bien que la langue arabe et l'arabisation progressent trés lentement .handaine mohamed
L'islamisation de l'Afrique du nord ne s'est pas fait, comme le prétendent les arabo-islamistes et d'autres, la fleur au fusil. Comme toutes les invasions qu'a connu cette région prospère (Romains, Vandales, Byzantins) celle des Arabes s'est fait dans la violence et le sang. Avant leur arrivée l'Afrique du nord était multiconfessionnelle : aux côtés de communautés berbères chrétiennes (Saint Augustin, Saint Cyprien, Donat...) vivaient des communautés berbères juives, et une grande majorité de Berbères animistes et païens, comme d'ailleurs dans de nombreuses autres contrées d'Afrique. La langue Berbère était partout présente en dehors des grands centres urbains où elle coexistait avec le latin et le punique comme en témoignes les écrits de St Augustin ou de Salluste. Quelques siècles plus tard, toutes les communautés juives et chrétiennes ont été exterminées (sous la dynastie des Almohades notamment);
Il a fallut près d'un demi-siècle face et une résistance farouche notamment de Kahina (reine juive des Aurès) et de Kussayla (chef chrétien) pour que les Arabes et à leur tête Okba ibn naafi finissent pas pénétrer l'Ifrykia (Tunisie) et fonder leur ville garnison (Kairouan). Après avoir tué Kahina, Kusayla fini par se convertir à l'Islam. Mais les comportements méprisants et la brutalité des Arabes (Okba fit décapiter Kahina qui lui a résisté pendant plus d'une décennie, et humilia Kusayla en le traînant enchaîné), conduit les Berbères très vite à se révolter. Kusayra finit par abjurer l'Islam et à reprendre le combat contre les Arabes. Il arrache Kairouan a ses fondateurs ou cours d'une bataille ou des milliers d'Arabes furent tués et où Okba lui-même fut éliminé. De nouvelles expéditions furent lancés accompagné par des missionnaires venus d'Orient pour convertir les Berbères en usant de la devise d'Okba « la conversion ou la mort « Mohamed Benrabah (langue et pouvoir en Algérie) écrit :
« En fait nombre de Berbères ne se sont convertis à l'Islam que pour éviter entre autres soucis de payer l'impôt que cette religion exigeait des « gens du Livre « , qui refusaient de changer de religion. Les conquérants arabes n'éprouvaient que du dédain envers les peuples nord africains qu'ils traitent d'infidèles. Certains poussaient même la cupidité jusqu'à considérer les populations conquises comme un butin de guerre servant à acheminer toutes sortes de richesse vers le Proche-Orient. N'ayant pas de politique claire d'islamisation et d'arabisation linguistique ils s'adonnèrent à la rapine. Ces comportements nous éclairent sur la foi tiède qui les anime ».
La tiédeur des conversions à l'islam des populations berbères est admirablement détaillée par Ibn Khaldoune qui disait que les Berbères abjurèrent 12 fois l'Islam au cours de ces premiers siècles d';islamisation. Cette tiédeur était due à l'attitude méprisante et hypocrite des Arabes. Ainsi, le chef Berbère Maysara écoeuré par les exactions commises par les Arabes envoya au calife de Damas, la lettre suivante :
« J' Informe le prince des croyants que notre émir nous mène une expédition avec son jund et qu'il distribue à celui-ci le butin que nous avons fait, disant que nous n'en avons que plus de mérite. S'il y a une ville à assiéger, c'est nous qu'il met au premier rang, disant que notre mérite au ciel ne sera que plus appréciable. Et pourtant les gens comme nous valent bien ses frères (). Tout cela nous n'avons bien supporté, mais quand ensuite, ils ont enlevé les plus belles de nos filles, nous leur avons dit qu'en tant musulmans, nous ne trouvions pareil fait autorisé ni par le livre ni par la pratique du Prophète... »
Anakin (forum de la grande KECHFA des berberes :http://www.elkechfa.com )Les montagnes du Moyen Atlas , du Haut Atlas ,de l'Anti-Atlas , du Rif , des Ayt-IZnassen ,de djebel amour, de la Kabylie , les Aurès et DJurdjura, les Massifs Sahariens ( Hoggar , Adrar, Ennedi, Akakous, Marzouk,Bachikele...) en Lybie ( Jabal Nefusa, Zwara et Ghadamis ) .les vallées et les plaines proches des montagnes et les zones semi désertiques ,les ksours ( Figuig , Rich ,Zagoura,Agzd ,Taroudant...) et les agdirs ont constitués des sanctuaires pour la préservation, jusqu'à nos jours, de la culture, la civilisation , et surtout la langue berbères aussi bien au temps de la domination romaine que celle des arabes ou des Turcs .Ces derniers se sont installés essentiellement sur les côtes dans des forteresses( kasbah ) qui ont donné par la suite naissance à des villes .
En ce qui concerne le Maroc , il aurait pu devenir comme l'Iran , L'Afghanistan ou la Turquie avec une langue nationale unique (le berbère) tout en utilisant l'alphabet Arabe .En effet si Idriss 1er a été relativement bien accepté c'est surtout parce qu'il était un dissident du Califat d'orient . Et le Maroc est demeuré indépendant du pouvoir arabe d'orient et il n'a jamais été sous domination othomane .Les dynasties arabes au Maroc ont toujours été nationalistes.
En effet,dans le passé,les grandes factions berbères et arabes ( le pouvoir central impliqué ou pas ) oubliaient leurs querelles et s'unissaient lorsqu'il s'agissait de défendre la Nation (ex: la bataille "des trois Rois" , la bataille d'ISLY,la guerre du RIF(Anoual)...etc..).
Ces sanctuaires (montagnes) ont résisté également le plus longtemps à la colonisation européenne (pour certaines zones dans l'Atlas jusqu'en 1934).
L'assimilation des berbérophones dans les villes s'est faite par la religion musulmane. enseignée en arabe. Même le dialectal marocain parlé ( vraie langue maternelle de la majorité des marocains urbains) comporte un très grand nombre de mots d'origine berbère et étrangères ( française,espagnole...) Cette influence est vraie dans les deux sens.
Les berbères ont, par ailleurs, constitué les gros des troupes des armées qui ont combattu pour la conquête (de l'Ecosse en tant que légion romaine constituée de maures des Asturies voir TARBAT en Ecosse ) et celle de l'Espagne et du Sud de la France ( sous la conduite du berbère Tarik bnou Ziad)(8e siècle), Et, en armée coloniale espagnole, dans la conquête du pouvoir par les franquistes en 1936, ainsi que leur importante participation pendant les deux guerres mondiales, Indochine etc....
Actuellement, on pourrait subdiviser les berbères en trois grands groupes avec quelques spécificités pour chacun des groupe:Mais les échanges entre ces groupes ou leurs "fédérations", ont été très intenses sur le plan commercial, humain, et culturel dans une organisation sociale " segmentaire" d'ou l'importance des confréries religieuses ( Zaouias) et les Ksours les mieux fortifiés. Souvent des mouvements migratoires ont été la consequence de catastrophes naturelles, de disettes, de pandemies etc et il faudrait signaler le role des "routes du pelerinage" dans ces echanges entre les entites berberes situées dans des zones geographiques differentes Ces routes de pelerinage etaient parfois les memes que celles du commerce ( Ibn Khaldoun n'a rien inventé, son merite est d'avoir transcrit et analysé ses observations et les histoires locales.):les"méditerranéens"ou "maritimes""qui ont eu le plus de contacts avec les peuples des différentes civilisations méditerranéennes ,et qui ont été influencés par les cultures de ces commerçants ou dominants ( cotes et îles sur la méditerranée ex: Djerba et sur l'Atlantique( ex:Iles Canaries) Ce sont les plus urbanisés donc les plus sédentaires
les "montagnards" de l'Atlas et la haute Kabylie , et plaines au pied des montagnes les moins influencés par les conquérants ou commerçants. Et c'est chez eux que la tradition berbère millénaire est la mieux conservée Ils pratiquent le plus souvent la transhumance saisonnière.
les "Sahariens" au sud de la "Berbèrie =Tamezgha" au Sahara en contact avec les peuples noirs ( Nubie et culture Négro-berbère) . Ce sont en général des nomades ou semi-nomades ; avec toutefois des points d'attache près des sources d'eau ( ville, villages ou oasis situes en bordure de fleuves , de lacs , de mer ,) ou dans des massifs sahariens
L''époque avant l'arrivée de l' Islam , l'histoire officielle n'en parle pas et/ou a travesti celle des berbères sauf pour insister sur les aspects "négatifs" de cette période .Depuis la colonisation européenne les archéologues et les historiens indépendants écrivent et enrichissent . l'histoire des berbères de cette époque (ex:fouilles de Carthage en Tunisie, Timgad et zazia en Algérie, et d'autres sites romains au nord de l'Afrique, Libye (Sabrata, Letismania...) , Maroc ( luxus, volibilis, chella,....) Tunisie) ex: Thugga ( mausolée de Massinissa , son fils Micipsa, mausolée de Malrouss , Jugurtha , Kahina, Juba II... ce sont quelques Rois et Reine berbères.(pour plus de détails cliquez ici et pour la préhistoire voir les sites ci-après:
Sahara néolithique http://ennedi.free.fr
L'art rupestre saharien http://www.paleologos.com/afrique.htm
Au Maroc les dynasties berbères (Almohades,Almoravides,Mérinides...) et arabes (Idrissides, Alaouines actuellement... ) se sont alternées , et celle qui prenait le pouvoir essayait de faire disparaître toute trace des grandes réalisations de la dynastie précédente ou parfois même celles de Sultans appartenant à la même dynastie.( exemples les plus connus.:destruction du palais mérinide qui surplombe Fès, la cité de Challah et la Mosquée Hassan à Rabat , Mekhnès , Marrakech,Sijilmassa,autres Ksours ....)..Pour lire un point de vue sur la coexistence des berbères avec d'autres ethnies et religions cliquez sur ce lien.
Mais depuis l'indépendance (1956) ce "pacte" tacite a été taillé en brèche par l'influence du "panarabisme"nassérien ,le baasisme et depuis un peu plus d'une trentaine d'années par les pétrodollars de l'Arabie Saoudite (et les autres pays du Golf) Lire Rapport CLIQUEZ I C I . Ces influences non seulement ont diminué l'expansion de la langue française et celle de la langue berbère , mais ont freiné également les ouvertures démocratiques de peur des "contagions" et en outre ont introduit sous couvert d'arabisme, l'extrémisme islamiste. Les conséquences ont été
- l'arabisation forcée ( de l'enseignement, de l'administration..des moyens audio-visuels, etc;)
- l'interdiction des prénoms berbères,( pour voir la liste des prénoms berbères cliquez sur ce lien )
- - l'arabisation des noms berbères de certaines localités (ex: Hermoumou, KsarSouk= Imteghren, Debdou..etc.)
-l'interdiction de qualifier de berbère (sauf de rares cas) toute institution établissement collectivité ou événement périodique. ( Mais le qualificatif arabe ou arabo-musulman est permis )...
- -L'usage du découpage administratif pour affaiblir les "zones" berbères pures et dures:( pour lire le papier sur la Monarchie et l'amazighité au Maroc cliquez sur ce lien )
Après l'islamisation et avant la colonisation, la plupart des lettrés berbères l'étaient en langue Arabe . Contrairement au Maroc, ou la France a favorisé le régime arabe central en place et a combattu les berbères dans l'Atlas ( jusqu'en1934 ) et dans le Rif ( guerre du Rif ) ou elle a aidé l'Espagne, la colonisation française en Algérie a eu une consequence du point de vue de la renaissance berbère , qui a débuté en 1830 (essentiellement en Kabylie et au début surtout par nécessité coloniale de supplétifs indigenes (traducteurs, soldats,etc...) et en Tunisie , puisqu'elle leur a permis d'acquérir en français un "savoir" moderne et produire des intellectuels et des élites qui ont des revendications nationalistes et berbères.. ( lire texte sur la complicite du colonialisme et du pouvoir arabo-islamiques central au Maroc pour combattre les imazighen ) LIEN
LE MAROC RECONNAIT LA CULTURE BERBERE:
L'Express du 27/06/2005
Maroc
Le réveil berbère
de notre envoyée spéciale Dominique Lagarde
Désormais reconnues par le royaume chérifien,l'identité, la langue et la culture amazighess'affichent. Dans les villages de la montagne, où la priorité est d'abord économique et sociale, la population s'organise, à travers des associations locales de plus en plus nombreuses. La fin d'un long oubli
Dans sa maison de pisé, au cur du Haut Atlas oriental, Aghrour Moha reçoit autour d'un thé à la
menthe les amis venus lui souhaiter la bienvenue. Cela fait une petite semaine seulement qu'il a retrouvé son douar et sa famille. Il vient de passer huit années en prison et il ne comprend toujours pas pourquoi.
L'affaire remonte à 1997: une dispute entre des bergers de la tribu des Aït Hdidou, à laquelle il appartient, et un autre clan, celui des Aït Ihya, pour une histoire de pâturage. Une tente est brûlée, quelques moutons sont tués. Aghrour jure qu'il n'a rien fait. Mais, un matin, les gendarmes sont venus les chercher, lui et 13 autres hommes du village. A Er-Rachidia, la grande ville la plus proche, un juge les a condamnés à de lourdes peines de prison. Aghrour est le dernier à avoir été gracié. Maintenant qu'ils sont tous libres, ils veulent organiser une fête pour sceller, avec les Aït Ihya, la «réconciliation des tribus». Car ici, en terre amazighe (berbère), c'est depuis toujours le clan qui engendre le lien le plus fort.
Reportage photoNous sommes dans la région d'Imilchil, fief des Aït Hdidou. Etablis dans ces montagnes depuis le XVIIe siècle, ces Berbères d'origine saharienne étaient, autrefois, des guerriers. Tout comme, un peu plus au sud, là où commence le Sahara, la tribu cousine des Aït Merghad, rassemblée autour du vieux ksar de Goulmima et de sa palmeraie. Cette région du Maroc, où David Lean tourna Lawrence d'Arabie, sera la dernière à être soumise par les Français, lors de la bataille de Boughafer, en 1933, plus de vingt ans après la proclamation du protectorat. C'est un pays de montagnes ocres et arides, avec des oueds qui creusent des gorges étroites ou qui coulent au fond de vallées paisibles, entre peupliers et lauriers-roses, avec des canyons profonds, des douars qui ont la couleur de la terre, et des casbahs de pierres sèches.
Avec le Souss, au sud de Marrakech, et le Rif (1) au nord, l'Atlas est l'une des trois régions berbérophones du royaume chérifien. Cela fait des milliers d'années que les Imazighen («hommes libres») peuplent ces montagnes et leurs contreforts sahariens
Ils sont les premiers habitants du Maroc. Les Phéniciens - au XIIe siècle avant Jésus-Christ - et les Carthaginois - au Ve siècle avant Jésus-Christ leur ont appris l'usage du fer, la culture de la vigne et celle de l'olivier. Sous la domination romaine, les Berbères ont donné deux papes à la chrétienté - Victor Ier, en 189, et Miltiade, en 311 - avant le grand tournant, au VIIe siècle, de la conquête arabe. Ils font alors allégeance aux Idrisides, originaires de la péninsule Arabique, et embrassent la foi musulmane.
La rencontre des Imazighen et de l'islam marque le début de l'histoire du Maroc telle qu'elle est aujourd'hui enseignée dans les écoles du royaume. Tout ce qui s'est passé avant, au temps où les Berbères n'étaient pas musulmans, est zappé Du moins les écoliers d'aujourd'hui apprennent-ils - ce qui n'était pas le cas de leurs aînés - la saga des grands empires amazighs: les Almoravides, venus du Sahara au XIe siècle, qui fondent Marrakech avant de conquérir l'Andalousie; les Almohades, originaires du Haut Atlas, qui réussiront à s'imposer dans toute l'Afrique du Nord; les Mérinides, très tôt arabisés, qui, pour gouverner, s'appuient sur l'élite andalouse. C'est à leur époque seulement, au XIIIe siècle, que la langue arabe s'impose dans les cercles du pouvoir. Elle va s'étendre dans les plaines et dans la plupart des villes. Les montagnes, elles, restent berbérophones. Sous la coupe de chefs de guerre, elles échapperont longtemps au contrôle des sultans. Une «carte politique du Maroc» d'origine française datant de 1900 (2) l'atteste. Le pays y apparaît divisé en trois zones: le makhzen, c'est-à-dire le territoire contrôlé par le sultan, les régions «semi-indépendantes» et les zones «dissidentes». En réalité, le pays berbère, à la seule exception d'une partie du Souss.
Victimes du panarabisme
En 1956, le Maroc, nouvellement indépendant, proclame son identité arabe. Le mouvement national notamment le parti de l'Istiqlal (dominé par la bourgeoisie fassie) - est profondément attaché au panarabisme, qui a alors le vent en poupe du golfe Persique à l'océan Atlantique. L'arabité est considérée comme un facteur d'unité, la diversité culturelle comme un ferment de division. «Au regard du redoutable arsenal de mythes valorisant l'arabisme, les gesticulations de la berbérité ne font pas le poids», commente Mohamed Chafik. Cet universitaire, auteur de nombreux ouvrages, ex-directeur du Collège royal, à Rabat, est urd'hui considéré comme le «père» du mouvement amazigh marocain.
Les Berbères du Maroc.
Ce n'est qu'en 1991 que la revendication berbériste émerge au Maroc. Le 5 août de cette année-là, une demi-douzaine d'associations, réunies à Agadir, rendent public un texte qui réclame la reconnaissance de la langue et de la culture amazighes. Trois ans plus tard, le 1er mai 1994, sept manifestants sont arrêtés à Goulmima pour avoir défilé avec des banderoles rédigées en tifinagh, l'écriture des Berbères. A la fin des années 1990, le climat change Démocratie et droits de l'homme s'installent au cur du débat politique. Le mouvement berbériste se greffe sur cette évolution. «La revendication identitaire amazighe s'inscrit dans la revendication démocratique, elle est partie prenante au mouvement pour les droits de l'homme», souligne Driss Khrouz, directeur berbère - de la Bibliothèque nationale, à Rabat. Les animateurs du mouvement amazigh mettent volontiers en avant les traditions de leur culture, qui, selon eux, rendraient les Imazighen plus accessibles aux valeurs de la démocratie, voire de la laïcité: le rôle des conseils de notables, un certain égalitarisme historiquement lié aux nécessités de la transhumance
«Notre mouvement est porteur des valeurs de tolérance de nos ancêtres», affirme ainsi l'universitaire Meryam Demnati.
Mars 2000: après deux années de débats, des intellectuels réunis sous la houlette de Mohamed Chafik publient un «manifeste berbère». Le texte,signé par plus de 200 personnalités, est un véritable cahier de doléances. Il demande à la fois la réhabilitation de la langue, de la culture et de l'identité berbères, la refonte de l'enseignement de l'histoire, la mise en place de fonctionnaires berbérophones dans les administrations en contact avec le public, une politique de développement régional Il est remis au porte-parole de Mohammed VI, Hassan Aourid, lui-même d'origine berbère. La question amazighe entre au Palais.
Empires et royaumes disparus
1030: début de la dynastie des Almoravides.
1062: fondation de Marrakech.
1121: début du mouvement des Almohades.
1147: la dynastie des Almohades succède à celle des Almoravides.
1163: les Almohades unifient le Maghreb.
1269: chute de l'Empire almohade.
1298: les Mérinides assiègent Tlemcen.
Le tamazight enseigné à l'école
Le roi nomme une commission - composée de Mohamed Chafik, de Hassan Aourid, de l'historien Abdelwahab Ben Mansour, du directeur du cabinet royal, Rochdi Chraïbi, et d'un conseiller du souverain, Meziane Belfikh - chargée d'y réfléchir. Le 17 octobre 2001, il signe le dahir (décret) qui donne naissance à l'Institut royal de la culture amazighe (Ircam)». Le Palais reconnaît désormais que l'identité du royaume est plurielle et que la berbérité y a sa part. L'Ircam est à la fois une institution universitaire et une instance consultative chargée de conseiller le souverain sur tout ce qui concerne l'identité berbère. Un caractère hybride critiqué par certains universitaires et que défend son recteur, Ahmed Boukouss. «Notre rôle politique, dit-il, nous donne une visibilité, un poids que nous n'aurions pas si nous étions une simple institution académique.»
Priorité de l'Ircam aujourd'hui: accompagner la mise en place de l'enseignement du tamazight à l'école. Les premières classes ont été ouvertes à la rentrée 2003 dans un peu plus de 300 écoles. Sur le papier, en 2010, tous les élèves du cycle primaire du royaume devraient avoir trois heures de cours par semaine. Un objectif ambitieux qui ne sera pas atteint car le programme, ces deux dernières années, a pris du retard. L'Ircam accuse le ministère de l'Education et certaines académies de faire preuve de mauvaise volonté - sept membres du conseil d'administration de l'institut ont démissionné en février dernier pour manifester leur mauvaise humeur - tandis que les autorités gouvernementales invoquent des difficultés techniques qui auraient été largement sous-estimées. Il faut dire qu'avant même de rédiger les manuels il a fallu choisir l'écriture. La bataille a été rude. Les uns, notamment un courant berbériste issu de la mouvance islamiste, plaidaient pour les caractères arabes; les autres, militants d'associations laïcisantes, pour la graphie latine. C'est finalement une troisième voie qui a été retenue par le conseil d'administration de l'Ircam, appelé à trancher ce débat: les écoliers marocains apprendront à écrire en tifinagh, l'écriture des Imazighen depuis les origines. Un compromis très politique, en faveur duquel Mohamed Chafik, à l'époque recteur de l'Ircam, a pesé de tout son poids, mais qui demeure très contesté.
Le financement des expatriés
Aujourd'hui, les associations amazighes veulent que la monarchie aille plus loin: elles demandent la reconnaissance officielle de la langue berbère dans la Constitution. En faisant valoir que 10 millions de Marocains, soit près 40% de la population du pays, sont berbérophones. En attendant, la berbérité s'affiche. Les festivals de musique ou de poésie amazighes attirent les foules.Dans le monde des affaires, une nouvelle génération émerge. «La berbérité a davantage de visibilité, constate le politologue Mohamed Tozy. On ose maintenant lire le paysage économique ou politique en ces termes.» «Il y a beaucoup moins de complexes qu'avant», confirme Aziz Akhannouch, président de la région Souss-Massa-Draâ et jeune patron - berbère - du groupe Akwa, dont les activités vont de la distribution d'essence et de gaz à la téléphonie mobile, en passant par l'assurance et la presse.
L'été des festivals
Festival Timitar, du 2 au 9 juillet, à Agadir.
Festival Tiwan (Liens) pour la chanson et la poésie amazighes modernes, du 15 au 17 juillet, à Midelt.
Festival des arts d'Ahidous, du 22 au 24 juillet, à Aïn Leuh, près d'Azrou.
Festival Isuraf, du 4 au 6 août, à Al-Hoceïma.
Festival des arts de l'Atlas, la première semaine d'août, à Azilal.
Festival des musiques des cimes, du 25 au 28 août, à Imilchil.
Les débats au sein de l'Ircam ont peu de prise sur le monde rural, qui constitue l'essentiel du pays
berbère. Mais on assiste depuis quelques années, dans ces régions, à une floraison d'associations locales de développement, dont les animateurs ne cachent pas que leur démarche est, aussi, largement identitaire. «Le problème de l'amazighité n'a jamais été purement économique et social. L'amazighité, c'est également les routes, l'électricité, l'eau potable», souligne Mounir Kejji, militant berbériste, chercheur au centre Tarik ibn Zyad, à Rabat. «Les gens ont pris conscience qu'il ne fallait pas compter sur l'Etat et qu'ils devaient se prendre en main, ajoute-t-il. D'où l'engouement pour les associations.»
Les premières sont nées dans le Souss, à l'époque de Hassan II, en grand partie grâce à l'argent des expatriés (3). «L'Arabe du coin'' est un Chleuh [un Berbère du Souss]», dit Abdellah Bounfour, qui enseigne le berbère à Paris. Traditionnellement commerçants, les Soussis ont investi, dans nos grandes villes, épiceries et commerces de fruits et légumes Ayant acquis une certaine aisance financière, ils ont cherché à aider leurs villages. D'où le foisonnement d'associations. Electrification, construction d'ouvrages hydrauliques, de pistes, de routes, de dispensaires les initiatives villageoises, souvent financées par l'immigration, se sont multipliées
A cette époque, la monarchie se désintéressait du développement des campagnes. Aujourd'hui, celui-ci est devenu une priorité. La démarche associative est encouragée officiellement dans toutes les régions rurales. Les assemblées traditionnelles des tribus berbères - les qalila, au niveau du clan, les comités de douar dans les villages - sont invitées à se doter d'une structure juridique pour bénéficier des appuis administratifs et pouvoir collecter des fonds.
A Anergui, commune du Haut Atlas située entre Imilchil et Azilal et qui regroupe une demi-douzaine de douars, c'est un «fonctionnaire d'autorité» - ainsi se définit Lahcen Houhemou - qui a pris, l'an dernier, l'initiative de créer l'Association Mouriq pour le développement, du nom de l'une des montagnes qui dominent le village, avec son ami Chérifi Hammou. Ce dernier, qui conduisait le 4 x 4 municipal avant qu'il tombe définitivement en panne, possède un petit gîte où il accueille des randonneurs. «Nous avons réalisé qu'il nous fallait un statut et un compte bancaire pour pouvoir recevoir leurs dons», explique Lahcen.
Les premiers fonds récoltés ont servi à acheter des médicaments, des stylos et des cahiers pour les enfants. Récemment, une demande de subvention a été adressée aux autorités de la région. En projet: la construction d'une salle de classe et l'achat d'une ambulance - l'ambassade du Japon a été sollicitée, avec le soutien de l'administration. Les deux compères aimeraient aussi pouvoir acquérir un tracteur afin d'entretenir les pistes, souvent impraticables dès qu'il pleut. Lahcen a même écrit à Jacques Chirac pour lui demander son aide. Le premier médecin à trois heures de route Il exhibe fièrement la lettre de l'Elysée qui lui suggère de s'adresser au service de la coopération de l'ambassade de France à Rabat: «Au moins, il m'a répondu!» Sa requête n'a rien d'un caprice: il faut rouler trois heures sur la caillasse pour atteindre le premier médecin. Un accouchement difficile peut, très vite, tourner au drame. Plusieurs femmes d'Anergui sont mortes en couches faute d'avoir pu être transportées à temps dans un hôpital. Celle de Chérifi a eu plus de chance: elle a mis leur enfant au monde sur la piste
L'Internet berbère
quelques sites ( la liste n'est pas exhaustive )
www.tawiza.netwww.amazighworld.org
www.ircam.ma
www.souss.com
www.mondeberbere.com
www.leschleuhs.com
www.berberescope.cometc...
Aït Iazem, au nord d'Azilal, dans le Haut Atlas central: une centaine d'hommes armés de pioches s'affairent, malgré la chaleur, autour du vieux puits de cette commune rurale. Il faut l'agrandir et préparer la pose de canalisations. Avec, dans six mois, la perspective d'avoir un château d'eau et pour chacun, enfin, des toilettes et l'eau courante. L'initiative du projet revient à l'Association Azilal pour le développement, l'environnement et la communication (Aadec), qui a incité les villageois à se doter de leur propre association et organisé un partenariat avec un organisme public, l'Agence de développement social. Celle-ci finance 80% des travaux, mais les villageois doivent prêter leurs bras et fournir ainsi, en nature, 20% du coût du projet.L'Aadec a été créée il y a cinq ans par quatre jeunes d'Azilal. Ils reconnaissent avoir profité d'un «climat favorable». Leur objectif: faire en sorte que leur région ne soit plus une «province par le pouvoir central parce qu'elle était considérée comme dissidente», explique Lhoucine Oualla, vice-président de l'Aadec, qui aimerait voir officiellement reconnue la «résistance de la montagne berbère à l'occupation coloniale». «Bien souvent, dans les douars, ajoute-t-il, les gens n'ont pas d'autres liens avec l'Etat que les taxes sur le sucre et le thé.» La province a aussi payé un lourd tribut aux années de plomb: 7 000 détenus recensés.
Un soulèvement durement réprimé C'est vrai de tout le Haut Atlas et de ses contreforts. Plus à l'est, les régions d'Imilchil, de Goulmima et de Tinghir furent, en mars 1973, le théâtre d'une ultime tentative de soulèvement contre la monarchie. A l'instigation des dirigeants de la gauche marocaine alors basés à Oran (4), plusieurs dizaines de maquisards berbères tentèrent d'installer un foyer révolutionnaire. Sans doute trahis, la plupart d'entre eux ont été tués les armes à la main. Les autorités ont alors procédé, dans toutes les localités avoisinantes, à des arrestations massives. «A l'époque, raconte Ihou Chari, un professeur de français aujourd'hui à la retraite, j'enseignais à Goulmima. Je n'étais pas impliqué dans le soulèvement. Mais j'étais membre du Syndicat national des enseignants et j'avais adhéré à l'Union nationale des forces populaires. Comme beaucoup de jeunes gens arrivés à l'âge adulte dans les années 1960, je croyais au tiers-mondisme, j'admirais Che Guevara. Cela a suffi pour qu'ils m'emmènent. Ils ont raflé tout le monde, du berger au prof d'université.» Il fut détenu pendant trois ans et demi, sans jamais
passer en jugement. Libéré, il est sommé de se taire. Jusqu'à cette année et son audition devant l'instance Equité et réconciliation, chargée d'entendre et d'indemniser les victimes des dérapages du passé.
Cette mémoire-là commence à peine à sortir des oubliettes de l'histoire officielle.
de notre envoyée spéciale Dominique Lagarde, avec
Mohammed El-Bakkali
Date: Sat, 9 Jul 2005 21:35:58 -0400 (EDT) To: amazigh-net@yahoogroups.com Subject: [Amazigh-Net] Le magazine francais L'Express du 27/06/2005: Le réveil berbère
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