• UN PAYS DE CREATION

    ARTS PLASTIQUES

    Peintures publicitaires illustratives et décoratives :

    Ensigne de coiffeur sénégalaisSi l'art religieux traditionnel a foutu le camp du pays en même temps que l'arrivée des religions monothéistes "importées", les arts plastiques se sont développés tout au cours des années d'indépendance pour former des disciplines parfois typiquement sénégalaises telles que les peintures sous-verres (souwere). Ici l'artisanat et la décoration fusionnent avec l'art : dans chaque échoppe, dans chaque rue de chaque village du pays, vous verrez au grè des ruelles des oeuvres d'art naïf décorer les murs ou les enseignes. Des milliers de Sénégalais vivent de cette activité de peinture décorative. Chaque coiffeur a un superbe panneau détaillant ses modèles de coiffure, chaque taxi ou transport en commun exhibe des symboles ou des blasons de confréries maraboutiques, chaque camion de fret rivalise avec ses concurrents pour avoir le plus bel aigle tenant dans ses serres un ballon de football (curieuse illustration que l'on retrouve sur 100% des cars de brousse et des camions du pays sans que personne ne puisse en trouver la signification ou l'origine...).

    boutique touristique avec le Cheikh Amadou BambaDans les boutiques d'alimentation, les maisons de couture, les restaurants ou les drogueries, ce sont des peintures du ou des marabouts du propriétaire qui décoreront la porte ou les murs. Si Cheikh Amadou Bamba et Serigne Mansour Sy sont évidemment les plus représentés, une foule d'autres marabouts moins connus illustrent parfois les recoins de boutiques.

    Photos : à gauche, boutique touristique avec le Cheikh Amadou Bamba, à droite, la décoration typique des gros camions jaunes du Sénégal

    décoration typique des gros camions jaunes du SénégalLes collectionneurs ou les amateurs de pittoresque apprécieront tout particulièrement les pannonceaux indiquant les différentes destinations dans les gares routières. Chaque peintre y dessine ce que la région représente dans son imaginaire. A la gare routière "Pompiers", Saint-Louis sera représentée sous la forme bien-sûr de son pont Faidherbe et de ses pirogues de Ndar, la Casamance sous la forme bucolique d'une forêt pleine de singes.

    Mais ces artistes populaires sont également très souvent mis à contribution pour la sensibilisation ou la propagande. Ainsi, la plupart des dispensaires ou des cabinets de médecine traditionnelle proposent à leurs patients d'admirer des fresques leur rappelant les risques du SIDA, du paludisme ou du choléra. Enfants et personnes illettrées peuvent ainsi comprendre facilement grâce aux dessins, les risques et les moyens de s'en prémunir.

    un mur sensibilise les habitant de Saint-Louis du Sénégal aux maladies mentales De la même manière, en période électorale, en plus des inévitables slogans qui ravagent les murs, des graffitis sinon intéressants au moins amusants fleurissent à droite à gauche pour rappeler quel candidat est le meilleur....

    Photo à droite : un mur sensibilise les habitant de Saint-Louis du Sénégal aux maladies mentales

    Les sous-verres et peintures sur sable :

    Peinture sous-verre souwere Sénégal Les sous-verres : fragiles oeuvres d'art (la moitié doit périr entre les mains peu délicates des bagagistes des aéroports de Dakar ou Paris....). Ils représentent les scènes quotidiennes, les grandes figures et les épopées du Sénégal : du héros du Kayor, Lat Dior, aux plus célèbres marabouts, sans oublier les danses traditionnelles, les belles princesses sénégalaises (exemple à droite) ou les figurations de femmes sénégalaises en tenue traditionnelle, tout y passe. Peu d'artistes maîtrisent la peinture sous-verre ce qui contribue à faire monter les prix de ces pièces souvent considérées à tort comme pacotille ou art mineur...

    Peinture de sableEn plus de son imagination fertile, l'artiste de sous-verres doit faire preuve d'une agilité rare. En effet, il s'agit de peindre une plaque de verre.... à l'envers. Aidés d'un mirroir déposé sur une table en face d'eux, ils doivent en permanence jouer sur les différentes couches de peinture sans droit à l'erreur sous peine de devoir gratter les couches précédentes pour rattraper une imperfection... Le sous-verre, bien que pratiqué ailleurs, est considéré comme une spécialité sénégalaise. On trouve les plus beau près du marché Sandaga à Dakar au croisement Jean Jaurès où plusieurs marchands les exposent sur les murs.

    Photos : à droite une peinture sous verre aux couleurs chatoyantes, à gauche un artiste de peinture de sable nous montrent ses échantillons de couleur sur l'île de Gorée (photo C. Montaillié).

    Les peintures de sable : si les scènes représentées sont le plus souvent les mêmes que les sous-verres, leur intérêt est bien moindre et il s'agit plus là d'artisanat bon marché à destination des touristes. La technique du sable coloré sur une plaque de bois encollée nécessite d'ailleurs beaucoup moins de savoir faire que les "souweres". N'importe qui s'y met et l'activité ne paye plus que par l'acharnement des bana-bana à vendre ça aux touristes de Saly ou Dakar.

    La peinture :

    Fodé camara, peintre sénégalaisLa peinture sénégalaise se vend évidemment plus facilement à l'étranger qu'au Sénégal compte tenu d'une part des prétentions des artistes en termes de prix mais aussi du peu d'intérêt que portent aujourd'hui les Sénégalais à cet art. Dans tous les cas, il faut évidemment faire la différence entre le décoratif artisanal et alimentaire et les véritables créateurs car comme très souvent dans le monde entier, c'est la merde qui se vend le mieux (ça faisait longtemps qu'on avait pas mis le mot "merde" dans Senegalaisement.com alors qu'on s'était promis de le faire une fois par mois pour choquer les vierges effarouchées).

    Il y a ceux qui tapent dans le "touristique" et qui arrivent à en vivre tant bien que mal et ceux qui sont vraiment pris d'un élan artistique et qui hélas vivent des moments difficiles exceptés quelques uns qui ont réussi à se faire exposer. Il est aussi difficile qu'inutile de se faire un nom au Sénégal si aucun galeriste européen ne soutient financièrement et promotionnellement le projet. Exposer coûte cher et c'est difficile pour un peintre débutant quand il n'y a aucun mécène pour le soutenir. Heureusement, tant à Paris qu'à New York ou Bruxelles, des galeries d'art contemporain ou d'art africain ont aidé à la renommée de peintres de talents. Kré Mbaye, Mussa Beydi, Aïssa Dione, Zulu, Cheikh Diouf, Kan-Si ou Joe Ouakam sont autant de noms d'artistes désormais célèbres dans le monde de la peinture sénégalaise et qui ont su trouver leur voie originale, dans un style qui leur est propre.
    Voir la page sur les peintres et plasticiens du Sénégal
    Voir la page sur l'artisanat du Sénégal

    La sculpture :

    Immigration par Moustapha DiméLa sculpture est une activité religieuse traditionnelle en Afrique, continent connu tant pour ses masques de cérémonie et de fête que pour ses totems, fétiches et idôles qui depuis des siècles ont su traverser la modernisation et souvent même l'avancée des religions importées telles l'islam ou le christiannisme. Souvent attachée à une caste, même au Sénégal, la scuplture de ces objets de culte a toujours appartenu à un nombre limité d'initiés. Encore aujourd'hui, en Casamance (principalement chez les Manjaks), dans le pays sérère (surtout dans le Saloum) et au Sénégal oriental (chez les Bédik, Bassari et Coniagui) des fétiches sont sculptés ou conservés depuis des générations. Il était donc normal, qu'au delà de cette utilisation religieuse, le Sénégal compte aussi des sculpteurs de talent et de renommée chez qui l'inspiration artistique a remplacé le savoir-faire ancestral. D'Ousmane Sow à Moustapha Dimé, découvrez notre page spéciale sur les plasticiens du Sénégal.
    Voir la page sur les peintres et plasticiens du Sénégal
    Voir la page sur l'artisanat du Sénégal

    Photo à droite : L'oeuvre "Immigration" de Moustapha Dimé composée de pioches en fer utilisées par les paysans sérères.

    Le dessin, la bande-dessinée :

    Le dessin animé et la bande-dessinée sont encore assez peu développés en Afrique. La plupart des bédéistes sont employés dans l'illustration des unes de grand quotidiens nationaux. C'est le cas de Samba Fall dans le Soleil ou de Tijan dans le Quotidien.

    TT Fons Mendy BD Sénégal C'est également le cas de TT Fons (alias Alphone Mendy) qui illustre les unes du Cafard Libéré, dont il est d'ailleurs l'un des fondateurs. Chaque semaine, les Sénégalais apprécient ses histoires inspirées de l'actualité qui mettent en scène Goorgoorlou, le personnage de BD le plus célèbre du pays. Père de famille, victime du programme d'ajustement structurel, Goorgoorlou a perdu son emploi et arpente les rues de Dakar pour trouver de quoi assurer la dépense quotidienne, la «DQ», comme on dit aujourd'hui.

    Goorgoorlou (mot wolof, le débrouillard) a toutefois sa dignité. Bien que perpétuellement endetté, il tient à garder bonne figure. Et fait tellement rire les Sénégalais que TT Fons en est à son sixième album en dehors des unes du journal (illustration à droite extraite d'un album de TT Fons).

    Samba Fall BD dessin Sénégal D'autres créateurs ont su se faire une place dans le monde de l'animation. Aïda N'diaye et Pierre Sauvalle ont créé le premier studio de production et de fabrication de dessins animés en Afrique. D'où le nom de leur société, Pictoon, née à Dakar en 1998 et où travaillent aujourd'hui 50 dessinateurs sénégalais. Aïda N'diaye, franco-sénégalaise, a investi dans l'informatique, afin que les dessins une fois réalisés puissent être scannés. Pierre Sauvalle, franco-camerounais, s'occupe de la direction artistique. Tous deux se font un point d'honneur de réaliser entièrement leurs dessins animés, de l'écriture du scénario à l'animation. Comme les aventures de Kabongo le Griot, dont le premier épisode vient d'être terminé. (illustration à droite de Samba Fall extraite du quotidien Le Soleil)

    Vidéo-reportage sur les studios Pictoon à Dakar

    Les arts plastiques contemporains du Sénégal de Saliou DEMANGUY DIOUF : La Dédicace de l'auteur : Inaugurant la "collection Histoire de l'art" aux éditions Présence Africaine, ce livre est également le premier du genre consacré aux arts plastiques du Sénégal. Il décidera, nous l'espérons, la jeunesse africaine à perpétuer l'écriture de pages lumineuses sur non seulement le sens des chefs-d'œuvre africains, mais aussi, à aider la mise en mémoire de milliers de plasticiens tous dévoués à l'assurance de la vie culturelle du genre humain. Le contenu de ce livre émane d'une vie culturelle très dense, exprimée dans le domaine assez méconnu des arts plastiques contemporains d'Afrique. Il doit moins à l'apparence des oeuvres qu'à l'indicible expression des tensions et des énergies, dans une préoccupation qui assurément veut ouvrir des fenêtres, voire des portes, pour une entrée légitime dans le marché mondial de l'art. Par ce livre, je tente enfin, de pulvériser les antagonismes nés des vieux clichés coloniaux qui divisent le monde, pour vous donner la lecture d'une humanité égale à elle-même, c'est-à-dire capable de signifier à toutes ses parcelles qu'elles ont le même âge et qu'elles sont surtout égales devant l'incertitude du futur. (Saliou Démanguy Diouf)

    Souleymane Keita de Sylvain Sankale. Considéré comme le chef de file de la peinture abstraite au Sénégal, Souleymane Keita est né en 1947 à Gorée, l'île au large de Dakar. Après une longue course à travers le monde, à l'image d'un véritable voyage initiatique, il est revenu dans l'île natale.

    Peintures populaires du Sénégal : les souweres (sous-verres)


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :